Par Murielle Delaporte – Entretien avec le général de brigade aérienne Maroussia Renucci, en charge du maintien en condition opérationnelle aéronautique (MCO-A) à l’EMAAE

C’est en août dernier que le général de brigade aérienne du corps des officiers mécaniciens de l’Air Maroussia Renucci a été nommée au poste d’ OGMCO : officier général adjoint « maintien en condition opérationnelle » auprès du sous-chef « activité » de l’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (EMAAE), un nouveau poste créé spécialement et reflet d’une des priorités majeures du Chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, le général de corps aérien Jérôme Bellanger, ainsi décrite dans sa vision stratégique intitulée « Le ciel pour champ de bataille » :

« L’hypothèse de l’engagement de haute intensité impose la bascule du maintien en condition opérationnelle vers la culture du risque. Ce changement d’état d’esprit doit aussi gagner le domaine du développement capacitaire, en envisageant des approches qui assument le revers ponctuel comme une étape acceptable vers l’acquisition rapide de moyens nouveaux. Dans tous ces domaines, nous allons réinterroger nos exigences normatives. »[1]

Distiller ce changement d’état d’esprit – de « mindset »[2] – et réintroduire une approche par le risque au sein de l’écosystème du MCO-A sont les missions qui incombent au Général Renucci afin de faire face à l’évolution de la menace. La mission du Général Renucci à ce nouveau poste d’OGMCO se résume en quelques mots : « établir une feuille de route pour passer d’un MCO de contrat à un MCO de combat au sein de l’AAE, en développant un MCO de combat FERoS, c’est-à-dire « Flexible Engageant  RObuste Soutenable »». Lors d’un séminaire organisé par l’EMAAE le 24 mars dernier, en introduction de l’exercice Orionis 2025, et intitulé « Guerre et mécanique : le soutien aéronautique militaire en environnement chaotique », elle faisait ainsi la profession de foi suivante à l’attention des différents acteurs de la communauté du MCO-A, c’est-à-dire les industriels privés, mais aussi le Service industriel aéronautique (SIAé), la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), la Direction générale de l’armement (DGA) ou encore la Direction de la sécurité aéronautique d’Etat (DSAÉ) et, bien sûr les autres armées  : « vous pouvez compter sur l’AAE pour être à l’initiative afin d’ouvrir des voies, comme en montagne, pour construire ce MCO de combat dont nous avons tous besoin afin de réaliser nos missions opérationnelles. (…) Seuls, nous n’arriverons à rien…  »

C’est donc « en équipage » que le général Renucci entend mettre en œuvre une feuille de route consistant à « s’appuyer sur le socle du MCO de contrat et la stratégie vertueuse de performance qui lui est inhérente pour aller vers un MCO de combat » plus adapté à l’accélération du tempo opérationnel que connaissent les Aviateurs aujourd’hui.

Le spectre de la haute intensité (HI) et le retour de la menace symétrique se traduisent pour l’armée de l’Air et de l’Espace par une évolution de sa stratégie autour de deux axes :

  • la nécessité d’accélérer la boucle décisionnelle connue sous l’acronyme OODA (pour « Observe, Orient, Decide, Act ») d’une part,
  • s’inscrire dans la durée d’autre part au travers d’une capacité de survivabilité et de résilience, que l’on retrouve notamment dans le concept MORANE (pour « Mise en œuvre réactive de l’arme aérienne ») devenu FRA-ACE pour « Agile Combat Employment »[3].

Le MCO-A étant « au service des opérations », il se doit de suivre « le même tempo », d’où la nécessité de « penser autrement » pour y parvenir[4]. Le général Renucci nous explique comment dans l’entretien relaté ci-dessous.

 

Etendre la gestion du risque opérationnel (GRO) au MCO de combat  pour « aller plus vite »

 

Réviser les formations pour réintroduire une plus grande prise d’initiative

Pour le général Renucci, dont les plus de trente ans de carrière comme officier mécanicien dans l’AAE notamment sur l’avion de transport C160 Transall, maintenant retiré de service, inclut une forte expérience terrain en escadrons et unités de maintenance de type Escadron de soutien technique aéronautique ou ESTA, la prise de décision – et donc la prise de risque qui lui est associée – lui paraissent d’une certaine façon plus simple lorsqu’elle a débuté qu’elle ne l’est aujourd’hui : « nous prenions des décisions en permanence, pas au hasard bien sûr, mais avec l’appui d’avis techniques éclairés. (…)  La notion de prise de risque « per se », d’une certaine manière, n’avait pas la même signification qu’aujourd’hui, car elle était intégrée en permanence et découlait naturellement  de la réflexion partagée entre l’officier mécanicien et le chef opérationnel. »

L’évolution des technologies, la complexité des avions de nouvelle génération et surtout le contexte de navigabilité et de respect des normes ont logiquement entraîné une formation différente des jeunes mécaniciens auxquels on apprend justement à ne pas sortir du cadre. Il est nécessaire aujourd’hui de changer de « mindset » pour retrouver une nouvelle agilité dans un contexte différent, donc en adaptant l’apprentissage  :  « ce qui était une démarche individuelle spontanée demande aujourd’hui un accompagnement.  (…) La gestion du risque opérationnel dans le domaine du MCO consiste à être en mesure d’apporter le maximum d’informations au chef opérationnel, qui mesurera la prise de risque et pourra décider en conséquence. (…) Pour ce faire, il faut parfaitement connaître tous les coins du cadre normatif pour être capable d’en sortir et surtout bien maîtriser le retour en son sein. » Ce retour le plus rapidement possible dans le cadre normatif est de fait nécessaire tant pour des raisons de sécurité que pour des raisons de régénération de potentiel si l’on veut s’inscrire dans la durée.

Un tel changement de paradigme nécessite par ailleurs de réviser en profondeur les cursus de formation et les profils des mécaniciens, un processus déjà en cours de façon à mieux satisfaire l’offre et la demande sur un marché en tension en termes de recrutement et de fidélisation[5]. « Préparation à la haute intensité, intensification de l’activité et intégration de la gestion du risque opérationnel (GRO) conduisent la direction des ressources humaines de l’armée de l’Air et de l’Espace (DRHAAE) à revoir les parcours toutes spécialisations confondues de nos officiers et sous-officiers mécaniciens et à s’interroger sur l’adaptation des profils : quels modules spécialisés faut-il ajouter en complément ? Quelles compétences faut-il développer ?  Qu’attend-on d’un officier mécanicien aujourd’hui ?… »

Autant de questions et de réflexions actuellement en cours au sein de l’AAE en vue de la définition de nouveaux profils, devant, d’une part, maîtriser les nouvelles technologies sur lesquelles celle-ci va s’appuyer de façon croissante – numérisation ; captation et exploitation de la donnée ; impression 3D ; etc. – et devant, d’autre part, intégrer les risques inhérents au changement de contexte opérationnel. « Drainer large pour se réinventer » – y compris par exemple par « l’adoption de nouvelles méthodes d’ordonnancement de chantiers » – est, du point de vue de l’OGMCO, indispensable à la fois en interne et en lien avec tous les partenaires de l’AAE : « nous ne cherchons pas à changer les normes, mais à être en mesure de sortir du cadre, à l’aide d’outils validés, de façon maîtrisée, lorsque la situation l’exige et conformément à une analyse GRO validée en amont.  (…) Pour faire évoluer les normes (un peu), la navigabilité (peut-être) et surtout les process, il faut embarquer tout le monde », rappelle-t-elle.

 

Décider et réparer plus vite en développer les outils et compétences nécessaires

Pour être en mesure d’accélérer la décision et donc l’action nécessaire dans un contexte de combat pouvant survenir à tout moment – concept de « Fight Tonight » (combat dès ce soir)[6] -, il faut que le MCO dispose de solutions permettant aux pilotes de poursuivre la mission opérationnelle en cas d’avarie. « Il peut s’agir du rapatriement d’un avion endommagé sur une base aérienne ayant les moyens de le réparer, et donc d’assurer la capacité de réaliser un seul vol de retour en dehors du cadre normatif, mais selon des normes de sécurité validées et préétablies. » Il ne s’agit pas forcément de dommage de guerre lié à un engagement majeur ou à un épisode de haute intensité, les causes d’immobilisation pouvant être multiples. C’est pour cette raison que l’on parle de RDC pour « réparation de dommage de circonstance » », explique le général Renucci.

Un « guide RDC » est ainsi en cours d’élaboration à la fois au sein de l’AAE, et chez certains industriels comme Dassault Aviation[7]. Nombre de solutions existent de fait déjà et ont été élaborées au fil du temps  : « des lots de réparation étaient par exemple autrefois embarqués au gré des missions dans les soutes des avions de transport, type Transall », rappelle le général Renucci, tandis que de nouveaux procédés de réparation affectant les aéronefs de nouvelle génération sont en cours d’élaboration en liaison avec les bureaux d’études des industriels : un lien plus direct entre les cadres de l’AAE et ces derniers en cas de besoin fait ainsi partie des pistes en cours d’élaboration pour accroître la réactivité en matière de MCO.

Interviennent ensuite ce que l’on appelle les NMA, c’est-à-dire les normes de maintenance adaptées, que l’on retrouve dans une sorte de « catalogue pré-renseigné de cas ou faits techniques particuliers déjà rencontrés et ayant fait l’objet d’analyse de risque technique ». La prise de risque du pilote dépendra de cette analyse de risque technique à laquelle on ajoute le risque environnemental, c’est-à-dire le risque opérationnel. « Exemple : en cas d’autorisation par NMA de dépassement du pas de maintenance d’un des éléments de l’aéronef, le pilote décidera de rentrer ou non en fonction du degré de risque opérationnel », développe le général Renucci.

 En plus de l’élaboration de solutions, il faut bien sûr prévoir la formation de personnels capables de les mettre en œuvre. En ce qui concerne le domaine RDC, il s’agit de remonter une compétence qui existait autrefois, mais qui a disparu suite aux restructurations (RGPP pour « révision générale des politiques publiques ») et à un contexte différent ayant imposé d’autres priorités telle la montée en puissance de la navigabilité : « il y a encore une vingtaine d’années, il existait une unité RDC sur la base de Châteaudun dont la mission était de former officiers et sous-officiers dans ce domaine. » Ne subsiste aujourd’hui qu’une antenne de l’AAE géographiquement localisée sur le site de l’atelier industriel aéronautique (AIA) de Clermont-Ferrand. « Il nous faut donc partir de ce noyau dur que nous avons su préserver pour permettre la transmission de connaissances des experts encore présents et réinventer le concept en tirant profit des nouvelles technologies, mais aussi des infrastructures existantes, tout en nouant des partenariats ad hoc pour la formation ou encore le partage de procédés avec nos alliés, par exemple. »

Tous les domaines – « formation, RH, organisation, développement de nouveaux concepts » – doivent ainsi converger vers l’objectif numéro un de l’AAE, à savoir « accélérer la boucle décisionnelle » : « Il nous faut développer le maximum de compétences pour aller dans le sens de ce mot d’ordre… », conclut le général Renucci.

 

« Accélérer la boucle décisionnelle » du MCO de combat tout en s’inscrivant dans la durée

 

Accélérer la prise de décision par un rapprochement NSO-NSI 

Dans le cadre de la préparation HI, il est un facteur à ne pas négliger en cette nouvelle période de réorganisation des soutiens, à savoir l’habitude de travailler ensemble : « se connaître, se comprendre, échanger les compétences du mieux possible sont autant d’impératifs permettant d’aller plus vite au quotidien, mais aussi le jour J en cas de haute intensité ». Une tendance qui avait été initiée avec l’adossement NSO-NSI développé au sein du SIAé (en particulier en ce qui concerne les moteurs) et qui s’est accélérée au cours de ces dernières années avec l’intégration d’assistants techniques  de l’industrie au sein des unités de maintenance de l’AAE sur certaines flottes : « une telle colocalisation de tous les acteurs décisionnels autour d’une même flotte permet grâce à des réunions régulières sous forme de plateau de résoudre les faits techniques plus vite.  (…) L’exemple d’Orléans qui rassemble l’AAE côté NSO, le SIAé, la DMAé et Airbus côté NSI, est particulièrement encourageant et l’objectif est de l’étendre aux autres flottes type Mirage 2000 et Rafale pour lesquelles les compétences s’avèrent aujourd’hui dispersées. (…) L’armée de l’Air et de l’Espace étant une armée œuvrant en permanence, le devoir des Aviateurs est de s’entraîner dans toutes les configurations possibles, y compris la HI. Aussi dispositif mis en place pour la partie organisation technico-opérationnelle se doit-il  d’être réactif et agile ». De fait, l’OGMCO pilote actuellement une étude visant à faire évoluer, « à la marge parfois, mais à l’écoute des retours du terrain », l’organisation mise en place à l’été 2024 : «  la boucle décisionnelle est interrogée, en prenant en compte l’ensemble des acteurs (AAE, DMAé, DGA, industriels), afin de l’accélérer et en proposant des modèles adaptés à chaque flotte. Il s’agit a minima d’obtenir une décision rapide si on se trouve dans l’urgence sans pour autant bouleverser les procédures habituelles, et a maxima de revoir les process dans les limites de chacun et en lien avec la DMAé et la DGA », poursuit le général Renucci.

La mise en œuvre de cette accélération de la boucle décisionnelle est en cours également au travers d’exercices type Orionis intégrant l’ensemble des acteurs, dont les industriels, afin de mieux partager les enjeux et objectifs de l’AAE en matière de MCO de combat. Troisième édition de cet exercice annuel initié par l’AAE en 2023 dans le cadre de l’exercice interarmées majeur Orion, Orionis 25 a ainsi consisté à fédérer le plus grand nombre possible d’acteurs de l’écosystème MCO-A tant publics que privés : en 2023, vingt-sept faits techniques avaient été simulés affectant de façon simultanée six flottes d’aéronefs (Rafale, A400M Atlas, Caracal, C130 Hercules, CN 235 Casa et Tigre), ainsi que le système de défense sol-air SAMP-T, le but étant alors de « fédérer les acteurs étatiques et les principales industries de défense françaises et européennes ; d’analyser les faits techniques par une approche de gestion des risques identifiés par les bureaux d’études industriels ; de proposer des solutions techniques pour répondre aux impératifs opérationnels de la haute intensité dans un tempo contraint »[8].

Deux ans plus tard, force est de constater que « l’acculturation à la GRO « prend » » auprès d’industriels de plus en plus nombreux et de plus en plus engagés dans la même volonté de résoudre les faits techniques et de trouver rapidement des solutions », note le général Renucci. Le dernier exercice Orionis 25 qui s’est tenu en mars dernier témoigne ainsi de ce « partage du mindset du MCO de combat et de la GRO » en cours et qu’appelle de ses vœux l’AAE : « pendant deux jours et demi, ce sont des centaines de personnes issues de l’ensemble des acteurs du MCO-A, dont vingt-sept industriels, qui, localisées à Balard et au sein de quinze bases aériennes différentes, ont collaboré sur la résolution de trente-sept vignettes ou faits techniques. » La nouveauté cette année était de dérouler le process jusqu’au bout (y compris en mode dégradé), c’est-à-dire jusqu’à la décision opérationnelle prise par le Chef (le pilote) d’effectuer le vol ou non.  Le spectre des flottes et activités concernées était encore plus large que lors des éditions précédentes, puisque même l’E3F AWACS et le système de commandement et de conduite des opérations aériennes jouaient sur cette édition, tandis que certaines technologies d’aide à la décision et la mise en place d’un lien direct entre AAE et bureaux d’études des industriels ont pu être testées avec succès dans le mode urgence requis dans un contexte de HI [9].

 

Vers une réinternalisation des services techniques dans les unités navigantes

Autre axe essentiel d’adaptation du MCO de combat au nouveau contexte de préparation HI intégrant l’accélération de la boucle décisionnelle et l’approche par les risques, l’optimisation de l’organisation du NSO passe par la réintégration des mécaniciens au sein des unités navigantes, via le retour en escadron des services techniques que commandent des officiers mécaniciens du grade de CNE / CDT : « un RETEX doit nous permettre de faire un bilan de la réorganisation en cours afin de la personnaliser davantage selon la taille des ESTA et savoir si nous devons aller plus loin », souligne le général Renucci, laquelle rappelle que le contexte actuel n’a rien de commun avec le passé : « si un modèle fonctionnait avant et dans la mesure où l’objectif d’efficacité technico-opérationnel reste le même, le modèle demande à être réinventé avec les moyens et surtout l’environnement et les contraintes actuels ».

Là encore, une série d’exercices inédits visant à renforcer la réactivité et la résilience de l’AAE en impliquant directement les personnels en charge du MCO-A tout le long de la chaîne technico-opérationnelle, y compris la partie logistique, permet depuis deux ans de s’entraîner selon des « scenarii de déploiements rapides et légers ».

Après Saphir – pour « séquence d’activité et de production de haute intensité et de régénération » –, exercice de montée en puissance des escadres de chasse avec un préavis de six mois, l’exercice Emeraude (exercice de maintenance d’envergure avec réaction aérienne urgente et défensive) s’est concentré sur un délai de préavis plus court, toujours pour tester la capacité de préparation des aéronefs afin qu’ils puissent  « absorber une activité supplémentaire intense ». Au cours de cet exercice, précise le général Renucci, « certaines normes de maintenance adaptées (NMA) ont été testées avec succès pour la première fois ». L’exercice Jade – pour « JAillissement D’Escadre » –  mené le 22 avril 2025 par la 3ᵉ escadre de chasse de la base aérienne de Nancy-Ochey était, quant à lui, basé sur un scénario de dispersion, au cours duquel 23 Mirage 2000-D et 5 Mirage 2000-B ont été redéployés en urgence et sans préavis vers cinq bases aériennes métropolitaines (Salon-de-Provence, Luxeuil, Avord, Rochefort et Orléans) suite à une simulation de menace imminente[10].

Dans tous ces scenarii de déploiements rapides et légers vers d’autres sites, c’est moins la rapidité que la légèreté qui représente le plus gros défi : « Pour être léger, il faut disposer de lots de projection allégés et/ou avoir des possibilités de projection ailleurs, tant en ce qui concerne la partie mise en œuvre de l’avion qu’en ce qui concerne la partie maintenance pure avec disponibilité de rechange », souligne le général. D’où le concept de maintenance et soutien croisés – ou « cross-servicing / cross-maintenance » – qui se développe de plus en plus en interarmées, mais aussi en interalliés, l’idée étant de pouvoir échanger des prestations de service (type refueling) ou des rechanges au travers de la négociation d’accords spécifiques avec d’autres armées (l’ALAT par exemple), des industriels ou sociétés civiles et/ou des nations étrangères ou encore des opérations de maintenance réalisées par des mécaniciens d’autres nations.

Nombre d’exercices permettent de tester et de concrétiser de façon croissante les opérations de maintenance croisée, « Orionis 25 ayant par exemple permis de travailler avec nos homologues britanniques sur des réparations de dommage de circonstance avec des résultats très concluants ». Si ce concept concerne surtout les alliés disposant des mêmes flottes que la France – Rafale, A400M, MRTT, C130J –, des exercices commencent à avoir lieu pour développer l’interopérabilité sur des flottes différentes, comme ce fut le cas sur Eurofighter avec les Allemands pendant Pitch Black 2024 en Australie[11].

A l’étude également au sein de la DRHAAE : le renfort potentiel d’une réserve opérationnelle appelée à croître. Celle-ci est en effet susceptible de remplir différentes fonctions – « expertise, production, main d’œuvre » – au sein de l’AAE et de la BITD (base industrielle et technologique de défense) en général et pourrait contribuer non seulement à compenser partiellement le déficit d’effectifs dont souffre le MCO-A actuellement, mais aussi bien sûr à faciliter une montée en puissance concernant l’ensemble de la nation (« Whole of Society ») en cas de nécessité HI.

Si la feuille de route « MCO de combat » du général Renucci se décline selon cinq lignes d’actions majeures –  accélérer ; former ; moderniser ; influencer ; fédérer – qui commencent toutes à porter leurs fruits, c’est bien-sûr la première « qui embarque toutes les autres  en ce moment de rupture qui impose la nécessité de penser autrement ». Socle de l’objectif assigné à la responsable du MCO-A au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, « acteur majeur qui donne le ton des besoins HI », « les actions pour aller plus vite » avancent à la bonne cadence sous la houlette de cette dernière, pour que le MCO soit effectivement avant tout « au service des opérations »…

 

 

Notes et références :

[1] Vision stratégique du CEMAAE, Le ciel pour champ de bataille : puissance militaire aérospatiale, page 8 >>> https://www.defense.gouv.fr/sites/default/files/air/VisionStrategique_CEMAAE_2025.pdf

[2] Voir notamment sur ce sujet >>>

[3] Le concept FRA-ACE est aligné sur le concept en vigueur au sein de l’OTAN (NATO ACE) inspiré de celui adopté par l’USAF depuis 2022.   Voir par exemple sur ces sujets  >>>

[4] Général Renucci, introduction au séminaire EMAAE « Guerre & mécanique » du 24 mars 2025

[5] Pour un bilan du marché de l’emploi MCO-A, voir la série en quatre parties publiée sur le site de l’AD2S >>> https://www.bordeaux-merignac.bciaerospace.com/index.php/fr/actualites/archives-actualite/118-marche-de-lemploi-renforcer-lattractivite-des-metiers-du-mco-a-dans-un-contexte-caracterise-par-une-offre-inedite-i-de-iv  

[6] Voir par exemple sur l’émergence de ce concept aujourd’hui utilisé de façon croissante au sein des forces armées alliés, le rapport de CSIS  publié en juin 2024 sur la préparation de l’OTAN en ce sens laquelle s’est accélérée depuis 2014 (concept de « high readiness ») >>> https://www.csis.org/analysis/nato-ready-war et en version PDF >>> CSIS Report Ready War juin 2024

[7] Intervention de Monsieur Eric Bernard, direction générale du soutien militaire, Dassault Aviation, table ronde « Mode Préparation », séminaire EMAAE, Guerre & mécanique, 24 mars 2025.

[8] https://www.aerobuzz.fr/breves-defense/le-maintien-en-condition-operationnelle-en-temps-de-guerre/amp/

[9] Voir par exemple >>> https://www.defense.gouv.fr/air/actualites/maintien-condition-operationnelle-aeronautique-soyons-prets-reactifs-efficaces

[10] Voir par exemple :

[11] Voir : Maintenance croisée : unis pour vaincre, numéro 776 d’Air Actualités, février 2025, pages 44 à 47

 

Photo : des armuriers préparent un Mirage 2000-5F  pendant l’exercice Emeraude © AAE, BA116 de Luxeuil, novembre 2024 (https://www.defense.gouv.fr/air/actualites/emeraude-accroitre-immediatement-disponibilite-operationnelle-dune-flotte-aerienne)