Par Murielle Delaporte – Un nouveau rapport de l’Inspecteur Général du Département de la Défense américain révèle les nombreuses lacunes de la mission du quai flottant de Gaza (JLOTS pour Joint Logistics Over-the-Shore), lancée en mars 2024 sous l’administration Biden et abandonnée en juillet de la même année après seulement 20 jours d’opération. L’opération Neptune Solace a réussi à livrer 19,4 millions de livres d’aide alimentaire à Gaza, suffisant pour nourrir un demi-million de civils palestiniens pendant un mois, mais au prix d’un bilan  lourd : les dommages matériels s’élèvent ainsi à au moins 31 millions de dollars, tandis que 62 membres du personnel américain ont été blessés durant la mission, et qu’un soldat est décédé des suites de ses blessures.

Un manque de disponibilité tant humaine que matérielle

Selon ce rapport, bien que le DOD ait mené 11 exercices JLOTS durant la décennie précédant l’opération à Gaza, ni l’armée de Terre américaine,  ni l’US Navy n’atteignaient les normes de préparation opérationnelle requises, notamment concernant le taux de disponibilité des équipements. Les taux réels de préparation et les déficits en personnel sont décrits dans le rapport, lequel souligne que le manque de ressources a eu des conséquences évidentes.

D’après les responsables de la 7e Brigade de Transport (Expéditionnaire) de l’armée de Terre américaine, « les pénuries de personnel ont retardé le déploiement de certaines embarcations de l’armée de Terre pour l’Opération Neptune Solace ,(…) [tandis  que l’unité] a dû rassembler toutes les personnes disponibles pour équiper suffisamment les navires conformément aux exigences de la Marine. »

Entre 2018 et 2023, l’armée de Terre et la Marine ont procédé à d’importantes cessions d’équipements nécessaires au système JLOTS, notamment environ la moitié des embarcations de l’Armée (64 sur 134) et l’une des deux unités de la Marine capables d’opérer le JLOTS, le Bataillon du génie amphibie 2 (Amphibious Construction Battalion 2). Les responsables des unités impliquées dans le déploiement à Gaza ont exprimé leur inquiétude face au désinvestissement des capacités JLOTS par les Services et ont affirmé que les capacités JLOTS actuelles du Département de la Défense n’étaient pas suffisantes pour répondre aux besoins prévus.

Un manque d’interopérabilité interarmées

De plus, les formations JLOTS menées au niveau du Département de la Défense n’avaient pas résolu un problème majeur du déploiement à Gaza, à savoir le fait que les équipements interarmées n’étaient pas interopérables. Selon le rapport, les responsables des deux services ont signalé des problèmes avec les équipements de quai de l’autre service. Le Système amélioré de navires légers de la Marine (INLS) et l’installation de déchargement roll-on/roll-off de l’armée de Terre – deux versions de quais flottants – se situaient à des hauteurs différentes dans l’eau.

L’Inspecteur général des Armées recommande la création d’un groupe de travail dédié au JLOTS, un rapport au secrétaire à la Défense identifiant les lacunes dans les capacités, et une meilleure communication entre les services, notamment par l’intermédiaire du Commandement des transports des États-Unis (US TRANSCOM) qui a coordonné la mission.

Source / lire l’article en entier en anglais : Hope Hodge Seck, Ill-fated Gaza pier mission lacked sufficient training, equipment: IG, 6 mai 2025 >>>  https://www.militarytimes.com/news/your-military/2025/05/06/ill-fated-gaza-pier-mission-lacked-sufficient-training-equipment-ig

 

Lire le rapport du Pentagone en version PDF >>> Rapport DoD sur mission JLOG Gaza 2024

 

Photo © Staff Sgt. Malcolm Cohens-Ashley, US Army, telle que publiée dans  >>> https://www.militarytimes.com/pentagon/2024/07/25/what-did-the-us-militarys-gaza-aid-pier-actually-accomplish/