Basé à Brest et sous l’autorité de la Marine nationale française, le MICA Center pour « Maritime Information Cooperation & Awareness Center » se positionne comme un centre névralgique d’échange et d’analyse en matière de sûreté maritime. Il s’appuie sur la Coopération Navale Volontaire (CNV) et des mécanismes comme MDAT-GoG (Golfe de Guinée), MICA-IO (océan Indien), et MSC-IO (soutien UE à l’opération Atalanta).
Fournissant une veille permanente en lien avec des acteurs privés et étatiques à l’international, il publie en particulier chaque année un rapport annuel. L’édition 2024 , publié le 4 février 2025, met en évidence une aggravation des menaces pesant sur la sécurité maritime, notamment une recrudescence de la piraterie, une augmentation du narcotrafic et des tensions géopolitiques impactant des zones clés telles que la mer Rouge, la mer Noire et l’océan Indien. Le rapport souligne également l’importance croissante des cybermenaces dans le secteur maritime. En voici les grandes lignes :
Bilan 2024 du MICA Center : le contexte stratégique
Face à une dégradation continue de l’ordre international, le rapport 2024 du MICA Center met en lumière une année marquée par la persistance et l’évolution des menaces en mer. L’extension des conflits armés, les actes de piraterie, le narcotrafic, la pêche illégale et l’immigration clandestine continuent de fragiliser la sécurité maritime mondiale.
Les conflits en Ukraine et au Proche-Orient ont directement impacté la navigation, notamment en mer Noire et en mer Rouge, avec des attaques ciblées sur des navires civils, tandis que les attaques houthistes ont conduit à une réorientation majeure du trafic maritime via le cap de Bonne-Espérance.
Quelques grande tendances chiffres à l’appui
340 événements de piraterie et de brigandage ont été recensés (+15 %), avec une recrudescence notable au large de la Somalie.
Le Golfe de Guinée, bien que moins actif qu’en 2020, reste une zone sensible avec des actes de piraterie opportuniste et des enlèvements ciblés.
L’Amérique latine et les Caraïbes enregistrent 124 incidents, en majorité des actes de brigandage contre la plaisance, et des trafics de stupéfiants.
La pêche INN (illicite, non déclarée, non réglementée) est une menace majeure, notamment en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud.
Le narcotrafic est en plein essor : 2700 tonnes de cocaïne ont été produites en 2024, 90 % étant acheminées par voie maritime.
Les LPV (Low-Profile Vessels) et les méthodes de « rip on/rip off » se multiplient, compliquant la détection.
Focus sur la mer Rouge : menace houthiste sur la liberté de navigation
En 2024, la mer Rouge est devenue l’un des épicentres de l’insécurité maritime mondiale, principalement en raison des attaques répétées menées par les rebelles houthistes dans le détroit de Bab el-Mandeb.
Bilan des attaques
• 124 navires ont été ciblés, dont 27 navires légèrement endommagés et 7 navires fortement touchés
• Ces attaques ont provoqué une réorganisation stratégique des routes maritimes, avec un large contournement par le cap de Bonne-Espérance.
Réactions internationales
Deux opérations majeures ont été lancées ayant pour objectif d’assurer la liberté de navigation et sécuriser le passage des navires commerciaux dans cette zone critique.
- PROSPERITY GUARDIAN (18 décembre 2023)
- ASPIDES (19 février 2024, soutenue par l’UE)
Impact global
• Les attaques houthistes symbolisent un débordement régional du conflit au Yémen et illustrent la capacité d’acteurs non étatiques à perturber des corridors stratégiques du commerce mondial.
• L’insécurité en mer Rouge fragilise les chaînes d’approvisionnement internationales et impose une mobilisation constante des marines alliées.
Photo : le Sounion attaqué par les rebelles houthis, le 21 août dernier, était en feu jusqu’au 6 octobre © EUNAVFOR Aspides/AFP (telle que publiée le 3 novembre 2024 dans >>> https://www.defense.gouv.fr/actualites/operation-aspides-peril-mer-rouge)
Lire le rapport en entier en version PDF >>> BILAN-2024-MICA-FR