(Notes du CERPA  # 88 –  Par Natacha Crété*) – En janvier 2015, la Royal Air Force (RAF) mobilisait deux Eurofighter Typhoon pour intercepter deux TU-95 russes qui survolaient les eaux internationales, à proximité de l’espace aérien britannique. A la suite de cet événement, Michael Fallon, secrétaire d’Etat à la Défense, déclarait que Vladimir Poutine, au travers de survols répétés de sa force aérienne au-dessus des eaux internationales proches de l’espace aérien des pays de l’OTAN, représentait une réelle menace à la sécurité de certains membres de l’organisation.

Une remise en question de la politique de défense britannique
L’incident de janvier 2015 reflète une tendance de l’armée de l’air russe à mener des expéditions aériennes, parfoissans déposer de plans de vol, à distance réduite de l’espace aérien des pays de l’OTAN, en moyenne une fois par mois depuis 2014. Selon le ministère de la Défense britannique (MoD), plus de 100 avions russes ont été interceptés par la RAF depuis début 2014. La France aussi a eu régulièrement besoin de déployer des Mirage 2000 et des Rafale pour intercepter ces mêmes avions russes dans le cadre de la posture permanente de sûreté aérienne. Ce comportement
agressif de la part des Russes a rapidement été pris en compte par le gouvernement britannique, puisqu’en novembre 2015 est paru le nouveau National Security Strategy and Strategic Defense and Security Review (SDSR). Le contraste avec le précédent SDSR datant de 2010 est évident. Le MoD avait subi des coupes budgétaires pénalisantes, notamment la RAF qui, faute de moyens, n’avait pas pu procéder à la modernisation de sa flotte de Typhoon.
La version de 2015, inclut une partie intitulée « Russian behaviour », dans laquelle le gouvernement insiste sur le fait que la Russie serait sanctionnée si elle continuait à adopter un comportement belliqueux envers les pays membres, en particulier depuis l’annexion illégale de la Crimée en 2014. L’importance accordée à la Russie dans le nouveau SDSR est bien plus prégnante que dans la version de 2010, où la Russie n’était mentionnée que deux fois : à propos des intérêts énergétiques du Royaume-Uni et, ironiquement, à propos de l’importance du dialogue entre Londres et Moscou sur des questions de sécurité.

Des relations anglo-russes ambigües
Le SDSR 2015 est paru quelques mois avant que le Royaume-Uni ne prenne la décision de quitter l’Union européenne. Ce sera donc avec le nouveau Premier ministre, Theresa May, que Vladimir Poutine devra envisager les relations anglo-russes, même si rien ne semble indiquer qu’un changement radical devrait s’opérer dans les relations entre Londres et Moscou. Elle s’était illustrée en début d’année lors de l’affaire polémique Alexander Litvinenko, l’ancien agent des services secrets russes assassiné à Londres en 2006, dans laquelle la justice britannique accusait le Kremlin d’avoir approuvé le meurtre de l’ex-agent. Theresa May, alors ministre de l’Intérieur, avait tenté de calmer la situation en déclarant que les intérêts britanniques allaient au-delà d’un simple incident diplomatique et qu’il était nécessaire de continuer à travailler main dans la main avec Moscou, notamment afin de tenter de régler le conflit en Syrie.
Cependant, la chef du gouvernement britannique a récemment fait l’objet de critiques de la part des Russes. (…)

* Natacha Crété,  étudiante en deuxième année de Bachelor dans le domaine des relations internationales au King’s College à Londres, est actuellement stagiaire au sein du CERPA.

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