Moyens et défis
Les moyens
Barkhane est une opération d’envergure menée à la fois dans un esprit d’efficacité, mais aussi de recherche d’efficience.
4 500 hommes y sont déployés en soutien des forces du G5 Sahel dont les effectifs avoisinent les 4 000 hommes. S’ajoutent à ces effectifs 15 000 soldats déployés dans le cadre de la MINUSMA et 600 soldats issus d’une vingtaine d’Etats affectés dans le cadre de la mission européenne de transformation de l’armée malienne (EUTM). On peut donc considérer que 8 500 militaires sont spécifiquement engagés dans la lutte contre les groupes armés terroristes (GAT) au sein de la bande sahélo-saharienne (BSS). La zone d’action de Barkhane s’étend sur une superficie de plus de 5 millions de kilomètres carrés ce qui revient à dire, même si cela est un ratio très approximatif et discutable, que si chaque soldat affecté dans le cadre de la force conjointe G5 sahel/Barkhane était posté pour assurer la surveillance d’une zone, cette dernière serait de 588 kilomètres carrés…
Quant à l’ennemi, celui-ci est organisé de manière disparate et ce sous plusieurs bannières (EIGS, GSIM, AQMI…) et ses effectifs, variables par essence, sont estimés au maximum à 3 000 hommes. Ici le rapport de force s’inverse au profit du G5 Sahel/Barkhane avec un ratio qui avoisine les un pour trois en termes d’effectifs. Enfin, il convient de rappeler que le coût global de l’opération Barkhane est estimé à 600 millions d’euros par an, ce qui représente quasiment la moitié de la dotation annuelle pour les opérations extérieures de l’armée française.
En complément des moyens humains évoqués, l’armée française déploie dans le cadre de Barkhane un ensemble de moyens à la fois interarmes et interarmées. Ces derniers permettent de couvrir l’ensemble des besoins opérationnels identifiés qui relèvent à la fois de la reconnaissance, de la présence, de la surveillance et de l’intervention sur zone. Pour ce faire, 3 drones, 8 avions de chasse 19 hélicoptères, 8 avions de transports tactiques et stratégiques, 260 véhicules blindés lourds, 360 véhicules logistiques et 210 véhicules blindés légers sont affectés pour la bonne marche de Barkhane.
S’ajoutent à ce déploiement les moyens du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) basé à Paris et ceux du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) basé à Lyon car le poste de C2 (Command and Control) pour les opérations aériennes menées dans le cadre de Barkhane se situe sur la base de Lyon Mont-Verdun. Ce déploiement de moyens en opérations extérieures est l’un des plus importants que l’armée française ait effectué durant ces trente dernières années et son inscription dans la durée a un impact conséquent en termes de maintien en condition opérationnelle de l’ensemble des flottes et véhicules déployés au sein d’un milieu géographique particulièrement abrasif.
La logistique : premier défi de Barkhane
Barkhane, s’inscrit dans une logistique d’archipel avec des bases logistiques interarmées (air et terre) dédiées (N’djamena, Gao), des points d’appui terrestres (Tessalit, Madama, Faya, Abéché…) et des points d’appui maritimes (Dakar, Abidjan, Douala) distant les uns des autres de plusieurs milliers de kilomètres.
Le ravitaillement des points d’appui terrestres constitue le principal défi logistique de Barkhane. Si ce dernier s’effectue de deux façons, par voie aérienne et terrestre, c’est la voie terrestre qui est la plus usitée, car elle permet un ravitaillement de masse pour les bases opérationnelles avancées. De ce fait, les unités logistiques sont devenues dans le cadre de ce conflit des cibles à haute valeur ajoutée qui font face à une intensification des actions hostiles les concernant notamment via le prisme de minages d’opportunité et d’emploi d’engins explosifs improvisés.
Pour répondre à ce défi majeur plusieurs mesures ont été mises en œuvre comme notamment le durcissement des matériels (exemple du CARAPACE pour le SEA), la préparation des missions de ravitaillement logistique pensée à travers une réelle synergie interarmes voire interarmées et l’application de mesures dissuasives comme l’imprévisibilité recherchée de chaque convoi (lieu de bivouac choisi, secret des itinéraires et des horaires de départ…). Enfer du logisticien comme disait Rommel, le désert est une école de rusticité et de déploiement de savoirs – nouveaux et réappris – pour les hommes du bataillon logistique ainsi que pour l’ensemble des services de soutien qui œuvre chaque jour pour que Barkhane garde son impact opérationnel intact dans la durée.
Photo >>> www.defense.gouv.fr