Commémoration de Camerone à Mayotte
17/05/2011 – Par Stéphane Bommert, correspondant à la Réunion
“Par le sang versé…”
Qui sait si l’inconnu qui dort sous l’arche immense,
mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé,
n’est pas cet étranger devenu fils de France,
non par le sang reçu mais par le sang versé ?
P.Bonetti – 1920
Tel est le thème retenu pour l’affiche de la commémoration de Camerone 2011. A cette occasion, la Légion étrangère rend hommage à tous les légionnaires blessés lors des différentes opérations auxquelles elle a participé.
29 avril 2011, 8H40 heure locale, Base Aérienne-181 “Roland Garros”(Île de la Réunion), le C-160 de l’Armée de l’Air s’apprête à décoller en direction de Mayotte, petit bout de France situé dans l’archipel des Comores, en plein canal du Mozambique, à 3H30 de vol.
À son bord, une forte délégation des FAZSOI (Forces Armées Zone Sud Océan Indien), anciens légionnaires et réservistes se rend à la célébration de la bataille de “Camerone” organisée annuellement par le DLEM (Détachement de Légion Étrangère de Mayotte).
Placé en sentinelle avancée dans l’océan indien, à l’entrée du canal du Mozambique, le Détachement de Légion étrangère de Mayotte (DLEM, la plus petite unité de légion) tient garnison au quartier Cabaribère, sur le rocher de Dzaoudzi. Le DLEM est subordonné pour emploi au commandement supérieur des Forces armées de la zone sud de l’océan indien (FAZSOI) dont l’état major est basé à Saint-Denis de la Réunion. Avec un effectif de 255 hommes dont 95 personnels en mission longue durée issus des rangs de la Légion étrangère et 160 personnels en mission courte durée, le DLEM est la plus petite des formations opérationnelles de la Légion étrangère. Organisé au tour de deux unités, un escadron de commandement et de soutien et une compagnie de combat « toutes armes », le DLEM est plus que jamais une force de souveraineté française dans une zone éminemment stratégique. Au-delà de sa mission générique de soutien des forces armées de Mayotte au quotidien, le DLEM est apte à un engagement opérationnel de crise qui peut prendre deux formes, soit un engagement avec ses moyens propres au sein d’un groupement tactique interarmes, soit la mise en œuvre d’une plate-forme logistique susceptible de faciliter l’engagement d’unités provenant de l’extérieur (source : Légion Étrangère).
Son Chef de corps actuel est le Lieutenant Colonel SCHIFFER qui a préalablement servi au 2ème REP de Calvi où il a successivement occupé les fonctions de chef de section de combat, chef d’équipe puis de section des chuteurs opérationnels, officier adjoint et commandant d’unité.
La première cérémonie se tient au “carré légion” au centre d’un vieux cimetière plein de charme situé sur Petite Terre, face au lagon, à l’ombre des frangipaniers. Ici reposent des combattants d’hier, à qui le Général Nebout, Commandant Supérieur des FAZSOI, le Chef de corps du DLEM Schiffer suivis par la délégation rendront hommage pour leurs actes de bravoure. Ce moment riche en émotion sera suivi d’une messe célébrée par le “Padre”, aumônier de l’unité.
Le soir même, la veillée tant attendue de “Camerone” aura lieu au sein du “Quartier Cabaribère”. Une façon de fêter ensemble les pionniers de ce corps d’élite qui tombèrent lors d’un fait d’armes épique, au Mexique, le 30 avril 1863 quand les soixante hommes du capitaine Danjou tinrent jusqu’au bout leur serment. Pendant 11 heures, ils résistèrent à deux mille ennemis, en tuèrent trois cents et en blessèrent autant. Ils ont par leur sacrifice, en sauvant le convoi dont la protection leur était assignée, rempli la mission qui leur avait été confiée.
Moment intense que celui d’entendre, à la nuit tombée, les quelques 170 hommes et femmes présents entonner les chants qui résonnent au delà des murs du casernement en leur l’honneur.
Chaque 30 avril, où qu’elles soient, dans leur garnison comme en opération, les différentes unités de la Légion se regroupent et rendent hommage à l’ensemble de 35000 hommes perdus par la Légion au combat.
Le lendemain matin, sous un soleil de plomb, une chaleur suffocante propre à la proximité de l’équateur, la prise d’armes traditionnelle en présence des autorités civiles, militaires et religieuses se tint sur le Rocher, quai Ballou. Une façon de présenter à la population cette histoire souvent méconnue du grand public en faisant le récit du combat, symbole du devoir et de l’esprit de sacrifice, avant l’inauguration de la kermesse portes-ouvertes du “Quartier” clôturée par le non moins célèbre bal du légionnaire.
Commémoration de Camerone à Mayotte, Général Nebout et Lieutenant-Colonel Schiffer (Photo: Stéphane Bommert, avril 2011)