La “feuille de route “du Général Abrial

Conférence organisée par l’AJD et relatée par Virginie Lecat

12/10/2011- A quelques jours de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN qui s’est tenue les 5 et 6 octobre à Bruxelles, le Général Abrial, de passage à Paris a fait le point sur les différents aspects d’engagement de l’OTAN dans les opérations menées à travers le monde, et notamment en Libye. Voilà bientôt deux ans que le général Stéphane Abrial, ancien patron de l’armée de l’air a pris ses fonctions à la tête de l’ACT, le Commandement allié Transformation, basé à Norfolk, en Virginie. A presque 57 ans, cet ancien pilote de chasse est le premier non américain à la tête d’un commandement stratégique de l’Alliance Atlantique.



Crédit photo : AFP, telle que publiée dans le Figaro, 2009 



« Le rôle de l’OTAN est de soutenir les opérations en cours et d’améliorer l’organisation de nos forces sur les théâtres de guerre. Nous sommes là pour faire respecter la feuille de route définie lors du Sommet de l’OTAN à Lisbonne en 2010. Il s’agit de renforcer le nouveau concept stratégique que nous avions alors établi et qui guide notre action pour les années à venir et notamment le bouclier antimissile destiné à protéger les populations et les territoires de l’Alliance Atlantique qui est désormais un des éléments centraux de la défense collective. »


C’est ce qu’a déclaré le Général Abrial en introduction de cette rencontre organisée par l’association des journalistes de défense (AJD) au Press Club à Paris, avant de se prêter au jeu des questions-réponses avec le sourire et la plus grande précision et de rappeler les points suivants :


  • Libye : un nouveau  “Modus operandi” au sein de l’Alliance atlantique
    « Même si la situation n’est pas encore stabilisée, je suis très satisfait, l’opération a atteint ses objectifs qui sont de renforcer la crédibilité de l’OTAN et le souci d’éviter les dommages collatéraux (pertes humaines civiles). C’est la première fois que des pays européens au sein de l’OTAN prennent les choses en main et que les Etats-Unis agissent en alliance.” Un nouveau Modus operandi qui pourrait augurer d’une réorganisation de l’Alliance. Le Général reste néanmoins humble et évoque volontiers quelques lacunes notamment le manque de drones sur le théâtre libyen et d’appareils ravitailleurs. Lacunes qui devraient être comblées selon lui d’ici 2013. Il ne s’agit pas pour autant de « remplacer les avions de combat par des drones (…). L’intelligence à bord n’est pas encore remplaçable. Le drone ne survivrait pas dans un ciel contesté contrairement à un avion de combat. »
  • Une sécurité partagée
    « Une meilleure sécurité est une sécurité partagée. C’est pourquoi nous avions défini en 2010 un groupe de travail afin de voir comment nous pourrions collaborer tous ensemble. Il arrive d’ailleurs à échéance ce mois-ci. L’accueil fut très favorable et de nombreuses propositions en sont ressorties ainsi que des projets plus ambitieux. Au total 35 compagnies travaillent à nos côtés ce qui représente une source d’innovation précieuse. » Il s’agit notamment de travailler en étroite collaboration avec l’Industrie des deux côtés de l’Atlantique avec des coûts maîtrisés. Parmi ces propositions il a été question de la lutte contre les engins téléguidés et le projet de soutien médical en action. En tout plus de 169 propositions ont été faites.
  • Dans la perspective du Sommet de Chicago
    « La fonction première de l’OTAN est la défense collective avant tout. Au total 28 nations la constitue. Ils décident ensemble des actions à mener. Notre rôle est de garantir une union globale où chaque nation est souveraine. » A ce propos le général tient à rappeler que la France n’est pas le bras droit des Etats-Unis.  « L’union européenne est un partenaire unique. La France et les Etats Unis sont complémentaires. Il y a une vraie nécessité de se consulter et cela fait aussi parti de notre rôle. » Le général Abrial a également réaffirmé la doctrine de l’Alliance à quelques mois du sommet de l’OTAN de Chicago qui se déroulera en mai 2012 et où il sera question du retrait progressif des troupes de la coalition d’Afghanistan.  «Pour cela, nous devons faire en sorte que les forces locales soient parfaitement entraînées. L’objectif étant qu’elles bénéficient, après notre départ, de l’Opération menée sur le théâtre Afghan.»