3 février 2012 – Vu sur le web

Ci-dessous repris dans son intégralité un article publié dans France Soir >>


Général Palomeros : “Le Rafale est le meilleur avion du monde”

Rafale : le contrat du siècle

Propos recueillis par Jean-Claude Galli / France Soir numérique (publié le 1 février 2012)


Au moment où New Delhi vient de sélectionner le Rafale, le Général Jean-Paul Palomeros, chef d’état-major de l’armée de l’air, explique à France-Soir en quoi l’intervention française en Libye a démontré les qualités de l’appareil aux potentiels acheteurs étrangers.


Le Général Jean-Paul Palomeros durant l’opération Harmattan en Libye Setphan Agostini/AFP


France-Soir : Est-ce que l’opération Harmattan, en Libye – au cours de laquelle le Rafale était engagé – a joué un rôle décisif dans ce premier succès à l’export ?

Général Jean-Paul Palomeros : Il est clair que les succès remportés par l’armée de l’air et le Rafale durant Harmattan ont été étudiés par toutes les armées du monde. Mes homologues étrangers veulent en parler avec moi. Ils s’étonnent que nous ayons été en mesure d’envoyer aussi rapidement le Rafale effectuer tous types de missions. Cette opération a été une démonstration des capacités de polyvalence de l’appareil.

F.-S. Pouvez-vous détailler ces missions ?

Gal J.-P. P. Il fallait à la fois imposer une interdiction de survol de la Libye, intervenir au sol contre les forces de Kadhafi qui se trouvaient aux portes de Benghazi et obtenir des renseignements sur le dispositif militaire ennemi. Le 19 mars 2011, dès la première patrouille, ces trois objectifs étaient atteints. Outre l’imposition de la no flight zone, nous avons tiré de l’armement de précision et alimenté nos banques de données pour les missions suivantes. Grâce à ses systèmes de détection et de protection sol/air, le Rafale a pu intervenir sans avoir à détruire au préalable toutes les installations antiaériennes libyennes, les rampes de missiles notamment qui pour nous étaient la menace la plus inquiétante.

F.-S. Vous avez participé directement aux négociations de vente du Rafale avec les autorités indiennes. Quel était votre rôle aux côtés des ingénieurs, des commerciaux et et des politiques français ?

Gal J.-P. P. Je joue mon rôle de chef d’état-major. Le partenariat avec l’armée indienne est ancien. Depuis des années, nous faisons des exercices avec l’Indian Air Force (IAF) qui utilise des Mirage 2000, un appareil fort apprécié dans ses rangs. Mon rôle est que cette relation soit maintenue au meilleur niveau, en faisant valoir les qualités de nos équipements et celles de la formation de nos pilotes.

F.-S. Et pour le Rafale, plus précisément ?

Gal J.-P. P. Montrer quelles sont les qualités opérationnelles de l’appareil, ses avantages en termes de disponibilité et de maintenance. La disponibilité de la flotte aérienne est de la responsabilité du chef d’état major. Elle était de 95% durant l’opération Harmattan. Dans ce domaine, la France a fixé une barre élevée. Pour entretenir un Rafale en permanence, nous avons besoin de sept ou huit mécaniciens. Pour certains de nos concurrents, c’est pratiquement le double. Le coût de maintenance de l’avion s’en trouve donc réduit. C’était un des critères essentiels retenus dans la conception de l’avion.

F.-S. Qu’est-ce que cette vente va changer pour l’armée de l’air ?

Gal J.-P. P. Le gros intérêt pour nous, c’est de pouvoir travailler avec des forces armées de pays amis dotées des mêmes systèmes d’armes que les nôtres. L’armée de l’air indienne va nous apporter un retour d’expérience original qui va nous permettre de développer les capacités de l’appareil. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé avec les équipages des Mirages qatariens qui ont participé à nos côtés aux opérations en Libye. Enfin, en augmentant la série, on va réduire les coûts de production et d’entretien. Hier encore, on nous expliquait que le Rafale était très cher. Il vient de démontrer aujourd’hui qu’il est sans doute le meilleur avion du monde et, qu’au final, il n’est pas cher.