Pouvez-vous décrire l’étendue de vos activités dans le domaine du soutien clients ?

Malgré son nom à consonance belge, Sabena technics est un groupe privé français : le nom vient du rachat en 2005 par TAT industries (l’ancien nom de la compagnie) de la filiale de maintenance de la compagnie Sabena, suite à la faillite de celle-ci. Nous avons préféré commercialiser toutes nos activités de maintenance sous cette marque pour des raisons de notoriété commerciale. Avec 534 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011, Sabena technics est aujourd’hui le troisième fournisseur mondial indépendant de MRO (Maintenance, Repair and Overhaul) – assurant la maintenance, la réparation et la révision de flottes régionales, moyens et longs courriers, tant pour des opérateurs civils que militaires –, le second au niveau européen. Que ce soit dans le domaine civil ou militaire, nous sommes ainsi en mesure de couvrir l’intégralité des besoins de nos clients du fait de l’étendue de nos capacités tant en moyens industriels qu’en personnels formés : nous avons des techniciens qui peuvent se déployer sur les lieux d’exploitation des avions, nous avons des hangars et des ateliers pouvant accueillir tous les équipements – hydrauliques, électroniques, pneumatiques, etc – à l’exception des moteurs.

Nous disposons également d’une organisation logistique permettant d’assurer les approvisionnements de nos clients en pièces au travers de nos « AOG Desks » (AOG : Aircraft On Ground), qui sont des entités – sorte de hotlines – fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, et qui sont prêtes à répondre à toutes les demandes de dépannage de nos clients civils et militaires à n’importe quel moment dans n’importe quel endroit du monde. Cela peut aller du simple envoi d’une pièce en urgence que l’on va expédier en soutien logistique, à la simple expedition d’une pièce d’outillage. Cette tradition de service et de support complet est l’héritage de la longue expérience que nous avons acquise en tant que compagnies aériennes – TAT, Sabena et AOM –: nous avons pleinement conscience des attentes de nos clients en termes de disponibilité et de réactivité. Sujet d’actualité s’il en est, le MCO est aujourd’hui au coeur des préoccupations gouvernementales actuelles face à la double problématique de devoir entretenir un matériel militaire vieillissant d’une part et de devoir le remplacer dans un contexte budgétaire difficile d’autre part. Nous avons donc utilisé ces compétences héritées des pratiques civiles pour offrir ce même type de service à nos clients militaires et nous positionner sur les engagements de performance et les clauses de disponibilité attendus de façon croissante par le ministère de la défense. Les contrats notifiés par la SIMMAD sont d’une durée variable allant de quatre à douze ans, ce qui nous permet une bonne visibilité, particulièrement importante lorsque nous devons réaliser des investissements.

Vous disposez d’un réseau d’implantations mondiales très diversifié : quelle est la part de vos activités de soutien de clients militaires en dehors de la France métropolitaine ?

Plus de trois mille employés sont effectivement répartis sur dix-sept sites dans le monde. En ce qui concerne nos clients militaires, notre implantation dans les Dom-Com, qui couvre Nouméa, Papeete et Cayenne, est entièrement dédiée au support de l’Armée de l’air et de la Marine. À Cayenne, il s’agit d’un support technique et logistique que l’on apporte aux avions CASA 235 de l’Armée de l’air, récemment venus en renfort de Fort de France pour sécuriser le site de Kourou et participer à la lutte contre l’orpaillage clandestin, avec un personnel déployé de façon permanente. À Nouméa et à Papeete, notre présence est plus importante avec cent quarante personnesvphysiquement implantées dans les bases et chargées d’assurer les opérations de maintenance mineure et majeure des CASA 235 de l’Armée de l’air (laquelle en assure la mise en oeuvre) et des Falcon 200 Gardian de la Marine dédiés aux missions de surveillance maritime et de liaison. Cette présence sur les bases, en particulier à Papeete, est venue du fait que la Marine n’a pas de Falcon Gardian en métropole et de la fréquence des rotations des personnels militaires tous les deux ans : les forces armées ne disposent donc pas de personnel formé sur ce type de machine et se pose un véritable problème de maintien de compétence. La sous-traitance locale privée est donc une bonne solution avec l’emploi de Polynésiens ou de néo-calédoniens à hauteur de quatrevingt- quinze pour cent des effectifs, les cinq pour cent restant venant de métropole en renforts ponctuels. Nous avons la même logique de contrats locaux à l’étranger, mais il nous arrive de fournir l’assistance technique de personnels qualifiés que nous envoyons sur place pour une période plus ou moins longue. Il s’agit de contrats de MCO pour la plupart civils, mais dans le domaine militaire, nous fournissons une assistance technique au profit de l’Armée de l’air camerounaise pour l’entretien de ses Hercules C130.

Vous avez conclu un contrat novateur avec la SIMMAD (Structure Intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense) en janvier 2011, Explorer C160, visant à optimiser la gestion de fin de vie de la flotte des Transall C160 de l’Armée de l’Air : quel bilan faites-vous à ce jour de ce partenariat avec l’Armée de l’air ?

Le contrat Explorer est un contrat un peu expérimental, dans la mesure où la maintenance des Transall est très peu externalisée. La mise en oeuvre des premiers niveaux de maintenance est réalisée par l’Armée de l’air et le grand entretien (NTI3) par l’atelier industriel aéronautique (AIA) de Clermont Ferrand (qui assure notamment l’entretien des cellules et des trains d’atterrissage).
La réparation des équipements était traditionnellement externalisée à une multitude de sous-traitants, ce qui posait un problème de gestion de contrat pour la SIMMAD, qui devait gérer mille quatre cent équipements fournis principalement par les fabricants au travers d’une trentaine de contrats différents. Le stock de pièces détachées était quant à lui géré par l’armée de l’air. Explorer vise à rassembler tous ces contrats, transférer la gestion des stocks à un industriel, créer un centre de distribution de pièces sur la base d’Evreux (ouvert en juillet 2011), et passer sur un mode de contrat avec clause de performance, et ce, jusqu’au remplacement des Transall par l’A400M. Concrètement, les personnels de l’Armée de l’air se présentent ainsi à notre guichet – qui comprend douze employés – sur la base d’Evreux et nous livrons les pièces demandées dans un délai de deux heures. Nous facturons également à coût fixe le fonctionnement du guichet et le prix à l’heure de vol. L’Armée de l’air bénéficie ainsi d’une garantie de performance et de prix. L’autre particularité du contrat Explorer est qu’au fur et à mesure que les C160 sont retirés du service, nous prélevons et re-certifions le matériel qui va servir à alimenter les flottes opérationnelles de l’Armée de l’air. Pour ce faire, nous assurons au sein de nos propres services la surveillance et le traitement des obsolescences, comme nous le faisons dans d’autres contrats de MCO tels que celui qui nous lie également depuis 2008 à la SIMMAD pour l’entretien des KC135 sur notre site de Nîmes (où nous faisons également le NTI3 des cellules). Lorsqu’il y a un risque d’obsolescence et que la récupération des pièces sur les avions retirés du service ne suffit pas, nous avons deux solutions : soit, pour faire face à une défaillance d’un fournisseur, nous décidons de fabriquer la pièce en interne par le biais d’un agrément avec les services techniques de la Délégation générale de l’armement, soit, s’il faut remplacer l’équipement, nous menons des études en collaboration avec la SIMMAD, afin de réaliser les modifications nécessaires à la modernisation de ce dernier. Au niveau des infrastructures, l’Armée de l’air nous a mis un bâtiment à disposition que nous avons réhabilité pour en faire un magasin de distribution en le dotant des équipements nécessaires à l’expédition, la réception, l’emballage, le stockage, ainsi que des moyens informatiques de suivi logistique. L’Armée de l’air nous restitue les matériels à réparer et nous les envoyons au sein de notre réseau de réparation dans nos propres ateliers (à Bordeaux, Dinard, Bruxelles, etc.) et/ou auprès de fournisseurs. Notre responsabilité se limite ensuite à la remise des pièces au guichet de la base d’Evreux, leur acheminement étant ensuite intégralement assuré par l’Armée de l’air.

« [Avec le contrat Explorer], l’Armée de l’air bénéficie d’une garantie de performance et de prix.»

Crédits photos © C130, Sabena technics