(source: Les Echos)

Dans nos armées, le poids des vieux tropismes inhibe l’agilité et l’efficacité. Elles doivent dépasser cet héritage pour insuffler un nouvel état d’esprit.

De l’intelligence artificielle à la numérisation des métiers, de nouveaux défis de tous ordres émergent. Face à eux, les armées demeurent bien timides et avancent à pas trop mesurés. Il est vrai que la ministre Florence Parly  vient de lancer un plan ambitieux et salutaire de transformation numérique. Mais il faut aller plus loin. Dans un contexte instable et ultra-concurrentiel, où des pays comme les Etats-Unis ou Israël sont de plus en plus innovants et bien plus libres que nous face à la tradition, la France dispose d’une grande armée, mais qui doit se moderniser et se réinventer.

Les armées allient historiquement technologie, modernité, et, dans le même temps, conservatisme et rusticité. Le poids des vieux tropismes inhibe l’agilité et l’efficacité. Les armées peinent ainsi, comme une bonne partie des administrations, à comprendre et à répondre aux nouveaux enjeux comme l’intégration rapide de nouvelles technologies, la numérisation des processus, l’attractivité de compétences rares ou encore les évolutions managériales. L’efficacité opérationnelle et stratégique doit être constamment le coeur des préoccupations, rien d’autre ne doit primer. Pourquoi ne serait-il pas possible de se libérer des logiques bureaucratiques et de simplifier les processus ?

Prise de conscience

Les armées doivent basculer vers une politique du résultat. Les besoins en innovation sont partout, comme dans le renseignement, où il faut améliorer le traitement des données, les moyens d’analyse ou les manières de collaborer en interne.

C’est sur ce chemin que l’agence américaine de recherche avancée sur la défense (la Darpa) s’est engagée avec succès, il y a déjà plus plusieurs dizaines d’années. Pour cela, elle n’a pas hésité à casser les codes : évolution du management, des projets courts avec des objectifs définis, une forte attractivité, l’appel à des expertises extérieures, etc.

En France, d’excellentes initiatives – preuves d’une prise de conscience – se créent comme le  DGA Lab, la Mission Innovation Participative, le Special Operations Forces Innovation Network Seminar, le plan Défense Connect. Mais cela ne suffit pas ! De nombreux « labs » d’innovation dans le public comme dans le privé échouent car ils sont mal intégrés, décorrélés de l’activité et pas assez évalués. La dynamique doit être globale et profonde. Les armées doivent construire un écosystème qui favorise l’amélioration et le progrès permanents.

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