(Source: Opex360 – Laurent Lagneau) – Alors que la tension monte entre Belgrade et Pristina, la France pourrait s’impliquer davantage dans les Balkans

Début septembre, lors d’une visite assez tendue à Mitrovica, dans le nord du Kosovo, le président serbe, Aleksandar Vučić, a rendu hommage Oliver Ivanović, un homme politique en vue, assassiné le 16 janvier dernier. Réputé modéré et pourfendeur de la criminalité, ce dernier était considéré comme l’un des rares responsables à pouvoir établir des liens entre la minorité serbe et la majorité kosovare albanaise.

Le mobile de cet assassinat demeure mystérieux… Vengeance du crime organisé? Élimination d’une personnalité gênante parce qu’ouverte au dialogue entre les deux communautés? (…)

Quoi qu’il en soit, cette affaire montre que les relations intercommunautaires au Kosovo sont toujours compliquées. Et les décisions prises à Pristina ne facilitent guère les choses. Ainsi en est-il du projet de transformer la Force de sécurité du Kosovo [KSF] en une armée nationale, forte de 5.000 soldats d’active et de 3.000 réservistes, ou encore de celle visant à imposer une taxe de 100% sur les produits d’importation serbe tant que la Serbie ne reconnaîtra pas l’indépendance de son ancienne province. Deux mesures critiquées, si ce n’est condamnées, par les États-Unis, l’Otan et l’UE. (…)

Outre « la forte influence de la Russie et de la Turquie », il faut ajouter « le risque de morcellement de ce territoire, le le risque de raidissement de la société sur fond de radicalisation religieuse, certaines poussées nationalistes internes et la difficulté de la normalisation des relations de ces pays avec leurs voisins », a expliqué Mme Guitton [Directrice générale des relations internationales et de la stratégie [DGRIS] du ministère des Armées]. « La région connaît une hybridation des tensions et des risques, y compris celui que représente le trafic d’armes – et l’on sait qu’un certain nombre d’armes sont arrivées en France par ce biais, amplifiant la menace du terrorisme. L’intérêt de la sécurité nationale impose que l’on ne se désengage pas des Balkans », a-t-elle ajouté.

En outre, le Brexit se traduira par le fait que, au niveau de l’Otan, ce sera désormais un général français qui occupera les fonctions d’adjoint au Supreme Allied Commander Europe (SACEUR). Et cela, en raison de l’accord « Berlin Plus », lequel lui donne les prérogatives de « coordinateur stratégique » avec l’Union européenne, ainsi que le commandement de l’opération Althéa, en Bosnie-Herzégovine, où la situation politique s’annonce compliquée, avec la montée des nationalismes.

Aussi, la France devrait être plus engagée qu’elle ne l’est actuellement dans les Balkans. C’est ce qu’a dit aux députés le général François Lecointe, le chef d’état-major des armées (CEMA).

« Nous sommes très attentifs à la stabilité dans les Balkans, qui nous inquiète. Nous allons réfléchir à ce que nous allons faire, dans un cadre européen et dans le cadre de l’Otan, dans un premier temps » et [après le Brexit], « c’est donc un général français qui prendra le commandement opérationnel de cette mission, raison supplémentaire pour que nous nous préoccupions de ce qui se passe dans les Balkans », a en effet expliqué le CEMA.

 

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