(Source: Aurélie Pugnet – Blog Bruxelles B2) – La mobilité militaire. De l’OTAN à l’UE
(B2 / extraits) Le besoin d’assurer le déplacement rapide des forces et équipements militaires sur tout le continent réapparaît à partir de 2014 avec la résurgence des tensions avec la Russie. La mobilité militaire que l’OTAN appelle de ses vœux dépend à la fois de progrès politiques et d’évolution de certaines infrastructures nécessitant parfois d’importants investissements. L’Union européenne est appelée à y contribuer de façon concrète dans le cadre de sa coopération avec l’Alliance atlantique.
« Parce que déplacer nos forces et nos équipements rapidement est vital pour notre sécurité, nous avons besoin de procédures pour un franchissement rapide des frontières, des moyens de transport suffisants, et une infrastructure robuste c’est-à-dire des routes, chemins de fer, ports et aéroports. » (Jens Stoltenberg)
Les origines du projet
L’objectif du projet est de faciliter et d’accélérer les mouvements et le franchissement des frontières pour le personnel et le matériel militaires à travers le continent européen. La souveraineté nationale et les procédures souvent complexes et bureaucratiques restent le principal obstacle sur lequel bute la fluidité des mouvements.
La situation géopolitique
A partir de 2014, les manœuvres de la Russie, ses interventions dans le voisinage de l’UE et de l’OTAN, ses actions déstabilisatrices et les multiples incursions dans l’espace aérien ou maritime des alliés, raniment les inquiétudes et suscitent à l’OTAN le développement d’une nouvelle politique de renforcement des capacités à l’est (Pologne, Roumanie, pays baltes) et de réaction rapide. L’Alliance atlantique s’inquiète de sa capacité à acheminer ses forces sur le continent facilement et rapidement. Ce nouveau paradigme de la mobilité militaire est également présenté comme pouvant servir à répondre aux risques potentiels émanant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
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Les outils mis en place
Trois domaines sont jugés prioritaires par l’UE et l’OTAN : 1. désigner des corridors de transport pour transporter du matériel lourd, notamment américain ; 2. s’assurer que l’infrastructure en place peut recevoir et transporter cet équipement ; 3. réviser les normes règlementaires qui bloquent un mouvement rapide des troupes et équipements. Plusieurs initiatives sont mises en place à différents niveaux, regroupant parfois les mêmes acteurs, parfois non.
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Un groupe de travail à l’Agence européenne de défense
Le plan d’action de la Commission européenne repose sur la feuille de route sur la mobilité militaire élaborée par un groupe d’experts, et propose des mesures dans trois domaines : 1. Les exigences militaires à élaborer, qui reflètent les besoins ; 2. les infrastructures de transport ; 3. les questions réglementaires et procédurales.
L’Agence européenne de défense (AED) a un groupe de travail ad hoc depuis septembre 2017 pour soutenir l’élaboration d’un plan d’action de suivi sur la mobilité militaire. Il identifie les obstacles à la mobilité de mouvements transfrontaliers du personnel et des biens militaires, distingue les initiatives, lacunes, acteurs concernés ainsi que développe un plan d’action, y compris une feuille de route avec des échéanciers (Lire : Le nouveau fleuron de la coopération OTAN-UE : la mobilité militaire). Il a aussi demandé aux gouvernements de l’UE d’identifier officiellement où se trouvaient les points de blocage (routes impraticables, nécessitant des autorisations particulières…).
Deux programmes particuliers ont ainsi été mis en place : l’un visant à réduire les formalités de passage aux frontières ; l’autre s’attaque à l’harmonisation des exigences dans le domaine des douanes ainsi que du transport des marchandises dangereuses.
Le plan d’action réactivité de l’OTAN
Du côté de l’OTAN, la mobilité militaire découle du plan d’action « réactivité » adopté à l’occasion du Sommet de Varsovie. Le renforcement de la présence aérienne, terrestre et maritime continue et de l’activité militaire significative dans l’est de l’Alliance, par rotation, comme l’établissement d’une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF ou “fer de lance”), plus réactive que la force de réaction de l’OTAN, imposent de revoir certaines procédures de déplacement sur le territoire européen, à la fois en termes de quantité de matériel transitant comme de rapidité de passage des frontières.
La création de petites unités — NATO Force Integration Units (NFIU) — sur le territoire des alliés de l’est (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie et Slovaquie), en place dès septembre 2015, doit améliorer la coopération et la coordination entre l’OTAN et les forces nationales, préparer les exercices de la NRF et déploiements. S’y ajoutent des efforts pour : augmenter la réactivité et les capacités du Multinational Corps Northeast Headquarters à Szczecin (Pologne) et améliorer son rôle de hub pour la coopération régionale ; établir un QG de division en Roumanie ; pré-positionner des approvisionnements sur les territoires à l’est ; améliorer la capacité de l’OTAN à renforcer ses alliés de l’est par la préparation d’infrastructures nationales (bases aériennes, ports).
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Photo >>> OTAN, telle que publiee dans ibid