Portrait du lieutenant de réserve (armée de l’Air) Julie G.

1/ Pouvez-vous vous présenter succinctement ?

Je m’appelle Julie, j’ai 29 ans et je vis à Paris depuis 2015.
Je suis titulaire d’un master en management (avec une spécialisation en intelligence économique) de l’école supérieure de commerce de Marseille, que j’ai intégrée après deux années de classe préparatoire en lettres et sciences humaines. Cette école avait notamment des partenariats avec l’école de l’Air de Salon de Provence et l’IHEDN, au sein desquels j’ai effectué des sessions de formations complémentaires.
Une fois mon diplôme obtenu, j’ai voulu poursuivre des études en relations internationales, auprès de la Sorbonne Nouvelle à Paris (master en coopération et développement).
Déjà très attirée par les enjeux de sécurité/défense, je me suis orientée vers le ministère des Armées, en tant que civile de la défense. Je me suis engagée dans la réserve opérationnelle par la suite, en complément de mon activité professionnelle.

2/ Quelles ont été vos motivations pour rejoindre la réserve opérationnelle ?

Mes motivations pour rejoindre la réserve ont été multiples. J’avais tout d’abord très envie de vivre un engagement opérationnel sur un théâtre extérieur et de comprendre comment sont employées nos forces sur le terrain. Je souhaitais développer une vision plus concrète de nos opérations, complémentaire de celle mise en œuvre par les échelons centraux au sein desquels j’officie, par nature plus « politico-militaire ». Au ministère, je travaille au quotidien avec des militaires et je trouvais intéressant de pouvoir dire que moi aussi, au travers de la réserve, je comprenais le sens de leur engagement.

La réserve, c’était aussi un moyen pour moi, quels que soient mes choix professionnels futurs, de garder un lien avec l’institution et de continuer « à servir », d’une façon ou d’une autre.

De façon très pragmatique, la réserve est également un réseau ! Les gens qui la composent ont des motivations, des expériences et des profils très divers. C’est un environnement que je trouve extrêmement riche et c’est notamment ce qui fait sa force. Plusieurs d’entre eux, rencontrés dans le cadre de ma formation ou de mes missions sont aujourd’hui devenus des amis.

3/ Depuis combien de temps servez-vous dans la réserve ?

Je sers dans la réserve depuis le début de l’année 2017. J’ai d’abord réalisé une Formation militaire initiale de réserve (FMIR) au sein de l’armée de l’Air, à l’issue de laquelle j’ai obtenu le grade d’aspirant. Je fais aujourd’hui partie d’une unité opérationnelle, dont le commandement est interarmées.

4/ Quelle est votre disponibilité ?

Déjà au ministère des Armées en tant que civile, j’ai la chance d’avoir une hiérarchie conciliante, qui accepte mes périodes de réserve. Il m’arrive aussi très régulièrement de prendre des jours de congés pour réaliser des missions pour le compte de mon unité. Je me rends disponible en moyenne 3 mois par an pour des activités de réserve.

5/ Est-il facile de concilier vie professionnelle, réserve opérationnelle et vie familiale ?

Non, je ne pourrais pas dire que cela est évident, parce que cela demande bien sûr de faire des choix. Le fait de partir pour des missions de deux mois à l’étranger, par exemple, nécessite une certaine organisation à tous les niveaux ! Toutefois, les bénéfices que j’en retire à titre personnel ne me font pas hésiter !

L’avantage de la réserve, c’est bien la flexibilité. L’employeur s’adapte à vos disponibilités, la priorité restant l’activité professionnelle civile. Le réserviste définit son rythme dans la mesure où cela convient à l’unité de réserve qui l’emploie. C’est un arrangement entre les deux parties, mais je ne peux que recommander d’avoir un minimum de jours à proposer pour se sentir bien intégré au sein de son unité.

6/ Qu’attendez-vous de votre engagement dans la réserve opérationnelle de premier niveau ?

Je pense que les réservistes ne pourront qu’être volontaires pour s’investir et consacrer du temps à la réserve, s’ils en retirent en « contrepartie » des perspectives en termes de missions, de formations ou encore d’évolution.

7/ Pour vous, quelle stratégie doit être adoptée pour favoriser une réserve interarmée d’excellence ?

Intégrer la réserve opérationnelle ressort parfois du parcours du combattant ! L’information n’est pas toujours aisément accessible, en fonction des armées ou bien des bases militaires qui proposent des formations initiales. Une fois la formation réussie, encore faut-il postuler au sein d’une unité qui pourrait être intéressée par votre profil.
Il pourrait à mon sens être intéressant de faire effort sur la communication et l’orientation des candidats vers de potentielles futures affectations. L’ampleur de la partie administrative peut avoir un aspect « dissuasif », mais il ne faut surtout pas s’en arrêter à cela !

Propos recueillis par Romain Petit

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