(Source : Le Figaro – Nicolas Barotte) – Général Philippe Lavigne: « La guerre du Golfe marque l’entrée dans une nouvelle ère »

ENTRETIEN – Pour le chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, une opération comme « Tempête du désert » serait beaucoup plus difficile à réaliser aujourd’hui.

LE FIGARO. – Il y a trente ans, la France participait à la guerre du Golfe: 43 jours d’opérations aériennes, 96 heures de bataille terrestre. Il s’agissait de la première opération aérienne d’envergure depuis des décennies. Quelles en étaient les caractéristiques?

Général LAVIGNE. – L’armée de l’air n’avait pas été engagée dans une projection de force et de puissance de cette envergure depuis la crise de Suez en 1956. La réflexion stratégique avait aussi beaucoup évolué à ce moment-là: la fin des années 1980 est marquée par les écrits de John Warden sur l’emploi stratégique de l’aviation. La guerre du Golfe constitue une démonstration de ces concepts en organisant, après la conquête de la supériorité aérienne, l’attaque des centres de gravité de l’ennemi afin de le paralyser.

Quelle est la leçon de « Tempête du désert » pour la France?

Le transport stratégique se révèle déterminant. Notre défi durant l’été 1990, parce que l’on sait qu’une offensive se prépare, est de pouvoir projeter logistiquement l’opération « Daguet ». Plus de 40 avions de chasse, et même plus de 50 à la fin du conflit, seront déployés au plus près du théâtre sur la base aérienne projetée d’al-Ahsa. Le volume est considérable: il représente 10 % de la flotte. Cette expérience nous a servis ensuite pour consolider notre base à N’Djamena, et pour déployer celles à Niamey et à H5 (en Jordanie, NDLR).

L’autre leçon, c’est l’arrivée des premiers avions modernes, les Mirage 2000 RDI. Pendant l’opération, les Jaguar ou les Mirage ont été utiles notamment pour les missions d’attaque et de défense aérienne. Mais ils ont montré leurs limites par rapport aux moyens américains. La guerre du Golfe révèle le besoin de modernisation. Il nous faut des avions polyvalents qui peuvent faire de la supériorité aérienne ou de l’attaque. C’est l’exigence américaine aujourd’hui au Levant.

Dernière leçon: le commandement. La guerre du Golfe marque l’entrée dans une nouvelle ère où la capacité de voir et de fusionner du renseignement en temps réel est essentielle pour pouvoir agir. (…)

Paradoxalement, ensuite, les capacités de l’armée de l’air ont été réduites après la guerre du Golfe.

Nous sommes passés de 450 avions de combat à 300, puis à 200… La France a privilégié un modèle d’armée complet, ce qui suppose des choix pour toutes les armées. Ils ont conduit à une réduction pour l’armée de l’air. L’objectif pour 2030 est d’avoir 225 avions de combat polyvalents air et marine. La polyvalence est essentielle. (…)

 

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Illustration © https://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/l-armee-de-l-air-dans-la-guerre-du-golfe