Par Romain Petit* – II. Naissance et expansion du narcotrafic
Le nombre de pays producteurs de substances psychoactives est assez limité dans le monde. La production de coca est principalement issue de trois pays : la Colombie, le Pérou et la Bolivie. Le pavot dont est extrait l’opium provient majoritairement d’Afghanistan (croissant d’or) et de Birmanie (Triangle d’or) et le cannabis (sous la forme de Haschich) vient majoritairement du Maroc, d’Afghanistan et du Pakistan.
Dans les années 1970, le trafic de drogue va tomber sous la main de narcotrafiquants très organisés que l’on nommera les barons de la drogue. Il s’agira notamment de Pablo Escobar, à la tête du cartel de Medellín, de Khun Sa, le roi de l’opium, installé au sein de l’état shan puis à la frontière de la Thaïlande et du Laos, de Félix Gallardo qui sera le premier chef de cartel mexicain (le cartel de Guadalajara) et d’Hugo Banzer, général parvenu à la tête de l’Etat bolivien et qui instaurera une véritable narco dictature de 1971 à 1978 au sein de la Bolivie pour ne citer que les narcotrafiquants les plus célèbres.
Face à la rentabilité du trafic de stupéfiant, toutes les mafias du monde vont prendre peu à peu des intérêts au sein du narcotrafic tant ce dernier est lucratif et tant les barons de la drogue parviennent à développer de véritables empires financiers aux maillages multiples. L’argent de la drogue devient si important dans les années 1970 qu’aucune grande organisation criminelle majeure de la planète n’échappe à son attrait. Des mafias italiennes et américaines (Cosa Nostra, Camorra, N’Drangheta) aux maffya turques, à la French Connection française, aux triades chinoises en passant par les Yakuzas japonais, les vory v zakone russes, les mafias albanophones et les cartels mexicains, les grandes organisations criminelles s’associent aux narcotrafiquants pour devenir leurs intermédiaires et leurs distributeurs. Le trafic prend alors une dimension internationale que rien ne parvient à endiguer depuis lors car il faut avoir l’humilité de reconnaître qu’aucun Etat n’est jamais parvenu à faire disparaître une mafia d’où l’importance accordé à l’arrestation des narcotrafiquants majeurs et à la médiatisation de ces dernières (Pablo escobar, El Chapo) qui, pour spectaculaires qu’elles soient, ne règlent pas le problème du narcotrafic ni ne le stoppent.
* Cet article, publié sur notre site en quatre parties, est issu de notre dernier numéro d’Opérationnels SLDS. Vous pouvez le télécharger dans son intégralité dans sa version magazine au travers du PDF suivant >>> ARTICLE ROMAIN PETIT HISTOIRE DES NARCOTRAFICS Operationnels SLDS # 50
Photo © Opération Martillo, à bord de l’USS Vandegrift, US Navy, Petty Officer 3rd Class Cory Booth, 2014