Partenariat AD2S* – Par Murielle Delaporte – Une logique de milieux
Dans le domaine de la défense et de la sécurité, le maintien en condition opérationnelle ou MCO « regroupe l’ensemble des moyens (humains, techniques et financiers), des prestations et processus qui permettent à un équipement de défense, durant toute sa durée d’utilisation jusqu’à la préparation au retrait de service, de rester apte à l’emploi pour répondre au besoin de disponibilité et d’activité des armées (opérations et préparation opérationnelle) conformément aux contrats opérationnels et organiques », d’après la définition proposée en 2020 par le centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations(1).
Il est organisé selon une logique de milieux : le maintien en condition opérationnelle aéronautique ou MCO-A fait ainsi spécifiquement référence au milieu aéronautique par analogie au MCO terrestre (ou MCO-T) ou encore au MCO naval. Cette définition étant issue des Armées, elle est centrée sur le matériel des forces. A noter cependant qu’en matière aéronautique, la notion de MCO a été étendue au matériel volant de l’Etat (gendarmerie, sécurité civile, douane), lequel est considéré comme élément de souveraineté (ce qui n’est pas le cas du terrestre ou du naval).
Une priorité affichée dans la LPM
Le MCO était déjà considéré une priorité de la loi de programmation militaire 2019-2025 avec 35 milliards d’Euros dédiés sur cette période, une part qui passe à 49 milliards d’euros pour la LPM 2024-2030. En ce qui concerne le MCO-A, cela se traduit par un montant annuel de paiements alloués d’environ 3 milliards d’euros, d’après les chiffres du ministère des Armées(2). Ces valeurs concernent essentiellement les rechanges et services externalisés, auxquels il faut bien-sûr ajouter d’autres catégories de dépenses directes des Armées afférentes à ce que l’on appelle le « MCO opérationnel » (par rapport au « MCO industriel »), telles qu’en particulier la masse salariale des techniciens agissant pour le MCO opérationnel.
La part du MCO-A dans la filière aéronautique et spatiale française
Sur les 4 000 entreprises qui constituent la Base industrielle et technologique de défense (BITD) française, le nombre d’entreprises à vocation aérospatiale recensées par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) avoisine 450 dont :
• « 16 constructeurs et systémiers ;
• 190 équipementiers ;
• 221 PME ;
• 3 sociétés de service. »
Ce secteur – dont le chiffre d’affaires dépasse à l’heure actuelle les 62 milliards d’euros et compte 195 000 salariés – est réparti entre le secteur civil à hauteur de 69% et le secteur de la défense à hauteur de 31%(3).
A noter que quatre groupes français ou à forte participation française – Airbus , Thales, Dassault et Safran – comptent parmi les trente premiers groupes mondiaux de l’industrie de défense(4).
A ces quatre sociétés il convient d’ajouter MBDA, second missilier mondial, dont le rôle en matière de MCO des missiles est crucial.
Le MCO-A : des avions et des heures de vol
Concrètement le MCO-A français concerne le soutien de « tout ce qui vole et aide à voler des drones à la haute-atmosphère », selon l’expression de l’Ingénieur général hors classe de l’armement, Marc Howyan, directeur de la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé) – un « organisme interarmées rattaché au chef d’Etat-major des Armées (…) responsable de la performance du maintien en condition opérationnelle (MCO) des aéronefs de l’Etat »(5).
Soit 1 338 aéronefs de 45 types différents et répartis sur les six segments de soutien suivants :
- avions de chasse ;
- avions de transport école ;
- avions de support opérationnel ;
- hélicoptères ;
- drones, sûreté, environnement ;
- systèmes d’information et de communication aéronautique.
Ce qui représente (chiffres 2023) :
- une valeur patrimoniale estimée à 60 milliards d’Euros ;
- plus de 280 000 heures de vol – dont 11% en opération extérieure en 2023 ;
- plus de 5 500 faits techniques réalisés par la DMAé ;
- 42 aéronefs en cours de démantèlement (dont 31 C160)(6).
En plus de la DMAé, le Service interarmées des munitions (SIMu) joue également un rôle en matière de MCO-A, son périmètre d’action couvrant le MCO des missiles.
Notes
(1) CICDE, Publication interarmées PIA-4.17_MCO(2020) N° 47/ARM/CICDE/NP du 17 mars 2020 (Définition du MCO selon la politique générale du MCO des équipements de défense sur leur cycle de vie) >>> https://www.defense.gouv.fr/sites/default/files/cicde/20200317-NP-PIA_4.17_MCO2020_VF.pdf
(2) https://www.defense.gouv.fr/actualites/maintien-condition-operationnelle-priorite-lpm-2024-2030
(3) Chiffres GIFAS : Enjeux et perspectives de la filière aéronautique et spatiale française Horizon 2030
(4) Source : Defense News repris dans Le Monde >>> https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/17/armement-comment-l-industrie-francaise-se-mobilise_6228261_3234.html
(5) https://www.defense.gouv.fr/dmae/mieux-nous-connaitre/direction-maintenance-aeronautique-dmae
(6) Ministère des Armées >>> https://www.defense.gouv.fr/dmae/missions-chiffres-cles/chiffres-cles-dmae ; https://www.archives.defense.gouv.fr/dmae/la-dmae/missions-et-chiffres-cles/missions-et-chiffres-cles.html
Photo : maintenance opérationnelle par un mécanicien de piste du moteur SNECMA M53 d’un Mirage 2000-5 déployé dans le cadre de la mission de police du ciel de l’OTAN (Enhanced Air Policing) © Julien Fechter, armée de l’Air et de l’Espace, Siauliai, Lituanie, 8 décembre 2023
*Cet article a fait l’objet d’une premiere publication sur le site de l’AD2S ( >>>> https://bordeaux-merignac.bciaerospace.com/index.php/fr/actualites/archives-actualite/25-france-le-mco-a-en-deux-mots-et-quelques-chiffres) / voir la version PDF >>> France _ le MCO-A en deux mots et quelques chiffres – AD2S Aerospace & Defence Support and Services) et est ici reproduit avec l’accord d’AD2S.
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Version anglaise / English version >>>
- En version PDF : France_ “MCO-A” Summed Up In A Few Words And Figures – AD2S Aerospace & Defence Support and Services
- En ligne : https://bordeaux-merignac.bciaerospace.com/index.php/en/news/archives-news/29-france-mco-a-summed-up-in-a-few-words-and-figures
- And below in full text:
France: “MCO-A” Summed Up In A Few Words And Figures
April 8th, 2024 – By Murielle Delaporte –
Following a logic of domains
In the defense and security sector, operational maintenance (MCO in French for “Maintien en condition opérationnelle”) “covers all the resources (human, technical and financial), services and processes that enable defense equipment to remain available throughout their service life, up until their retirement from service, in order to meet the requirements of the armed forces (operations and operational readiness)”, according to the definition proposed in 2020 by the French armed forces Joint Center for Concepts, Doctrines and Experiments(1).
MCO is structured following a logic of domains: aeronautical maintenance (MCO-A for “maintien en condition opérationnelle aéronautique”) refers specifically to the aeronautical environment, by analogy to land-based maintenance (MCO-T for “maintien en condition opérationnelle Terrestre”) or naval maintenance.
Since this is a definition provided by the armed forces, it focuses on military equipment. It should be noted, however, that in the aeronautical sector, the notion of “MCO” has been extended to all state flying assets (gendarmerie, civil security, customs), which is not the case for land or naval equipment.
A Procurement Priority
“MCO” was already considered a priority in the 2019-2025 French “Military Program Law” (LPM), with 35 billion euros earmarked for this period, while the 2024-2030 LPM plans to allocate 49 billion euros.
As far as “MCO-A” is concerned, this accounts to 3 billion Euros a year, according to the ministry of the Armed Forces(2).
These figures mainly concern spare parts and outsourced services. There are, of course, other categories of direct expenditure by the Armed Forces related to what is known as “operational MCO” (as opposed to “industrial MCO”), such as the payroll of technicians working on operational MCO.
The share of MCO-A in the French aerospace industry
Of the 4,000 companies that make up the French Defense Technological and Industrial Base (BITD for “Base industrielle de technologie et de défense”), the number of aerospace companies listed by the French aerospace industry association (GIFAS for “Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales “) is close to 450, including :
- 16 aircraft and systems manufacturers;
- 190 OEMs;
- 221 SMEs;
- 3 service companies.
This sector has a current revenue exceeding €62 billion and a workforce reaching 195,000 employees. It is split between civilian (69%) and defense (31%) activities(3).
It should be noted that four French – or largely French-owned – Airbus, Thales, Dassault and Safran – are among the world’s top thirty defense industry groups(4). MBDA, the world’s second-largest missile manufacturer, should also be mentioned given its key role in the maintenance of missiles.
MCO-A: aircraft and flight hours
Concretely speaking, French “MCO-A” involves the support of “everything that flies and helps to fly, from drones to the upper atmosphere”, says Engineer General Marc Howyan, Director of the Direction de la maintenance aéronautique (DMAé) – a “joint service reporting to the Armed Forces Chief of Staff (…) in charge of the performance of the operational maintenance of government aircrafts”(5).
This accounts to 1,338 aircraft of 45 different types, divided into the following six support segments:
- Fighter aircraft;
- Instruction transport aircraft;
- Operational support aircraft;
- Helicopters;
- Drones, Safety, Environment;
- Aeronautical information and communication systems.
This represents (2023 figures):
– An estimated asset value of 60 billion euros;
– more than 280,000 flight hours – including 11% in overseas operations in 2023;
– more than 5,500 technical acts carried out by the DMAé;
– the dismantlement of 42 aircraft (including 31 C160s)(6).
In addition to the DMAé, the service in charge of the maintenance of munitions (SIMu for “ Service interarmées des munitions”) also plays a role in the field of “MCO-A” as far as missile maintenance is concerned.
Footnotes:
(1) CICDE, Publication interarmées PIA-4.17_MCO(2020) N° 47/ARM/CICDE/NP du 17 mars 2020 (Définition du MCO selon la politique générale du MCO des équipements de défense sur leur cycle de vie) >>> https://www.defense.gouv.fr/sites/default/files/cicde/20200317-NP-PIA_4.17_MCO2020_VF.pdf
(2) https://www.defense.gouv.fr/actualites/maintien-condition-operationnelle-priorite-lpm-2024-2030
(3) Chiffres GIFAS : Enjeux et perspectives de la filière aéronautique et spatiale française Horizon 2030.
(4) Source : Defense News as quoted in Le Monde >>> https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/17/armement-comment-l-industrie-francaise-se-mobilise_6228261_3234.html
(5) https://www.defense.gouv.fr/dmae/mieux-nous-connaitre/direction-maintenance-aeronautique-dmae
(6) Ministère des Armées >>> https://www.defense.gouv.fr/dmae/missions-chiffres-cles/chiffres-cles-dmae ; https://www.archives.defense.gouv.fr/dmae/la-dmae/missions-et-chiffres-cles/missions-et-chiffres-cles.
Photo: Operational maintenance by a mechanic on the SNECMA M53 engine of a Mirage 2000-5 deployed as part of NATO’s Enhanced Air Policing mission © Julien Fechter, French “Armée de l’Air et de l’Espace”, Siauliai, Lithuania, December 8th, 2023