Crédits photos © R. Veron / CPI / FFDJ
La suite de notre reportage au sein des Forces Françaises à Djibouti (FFDJ).
La base navale française du Héron à Djibouti constitue un point d’appui de tous les bâtiments de la Marine nationale de passage dans la corne de l’Afrique. Il suffit de consulter une carte pour se rendre compte des enjeux géostratégiques majeurs qui en découlent : Djibouti est un nœud de transit maritime entre l’Europe et le continent asiatique. Entre 1000 et 1700 bateaux commerciaux s’arrêtent chaque année à Djibouti. « Toulon sert de port de projection, tandis que Djibouti est une base navale de soutien et de logistique de tous les bâtiments de passage dans la Corne de l’Afrique », souligne le capitaine de frégate Christophe Deldique, commandant la base navale des FFDJ.
60 marins dont 7 personnels féminins sont affectés ici de manière permanente. La moitié d’entre eux partagent leur affectation djiboutienne avec leur famille.
Par ailleurs, 30 fusiliers marins sont déployés pour une mission de courte durée de quatre mois. A leur tête, l’enseigne de vaisseau Omphalius, dirige en ce moment ce détachement de fusiliers marins à Djibouti. Leur objectif est clair ; il consiste à assurer la protection de défense des bâtiments français en escale dans le port militaire de Djibouti. Pour ce faire, ils disposent d’un système de radars pour détecter toute menace d’intrusion par voie maritime ainsi qu’un armement nécessaire pour répondre à cette éventuelle menace. « Ce sont les Garde-côtes de nos bâtiments », résume le capitaine de frégate Christophe Deldique. Les fusiliers marins français peuvent être également déployés en tant qu’Éléments de Protection Embarqués (EPE) pour assurer la sécurité de navires de passage dans le Golfe d’Aden, après que ceux-ci en aient fait la demande auprès de la Marine nationale.
Chaque année, entre 40 et 50 bâtiments français sont en escale à Djibouti sur un total de 300 bâtiments militaires internationaux de passage dans la ville Est-africaine. Les Sous-marins Nucléaires d’Attaque (SNA) de la Marine nationale peuvent faire escale dans le port militaire de Djibouti. Le capitaine de frégate Christophe Deldique précise que la base navale dispose de « matériels de secours électriques pour sécuriser la chaufferie nucléaire du SNA en escale, ainsi que de pousseurs spécifiques pour l’accostage des SNA ». Le port militaire français implanté aux Émirats Arabes Unis (EAU) permet également à un SNA d’y faire une escale au cours de sa patrouille opérationnelle.
La Marine assure aussi une partie essentielle dédiée à la logistique des bâtiments en escale à Djibouti. « Nous pouvons ravitailler 200 m3 de gasoil pour un bâtiment de premier rang », précise le Commandant. En mer, les bâtiments français peuvent être également ravitaillés aussi bien par un pétrolier ravitailleur français qu’étranger. Une coopération qui s’est particulièrement vue dans le cadre de l’opération Atalante au large de la Somalie.
A Djibouti, les bâtiments étrangers peuvent profiter de l’installation française en matière de soutien technique. 10% de l’activité des marins français est consacrée à cette coopération avec les marines étrangères. Une partie des opérations de maintenance est externalisée, comme par exemple l’utilisation d’un matériel de mise sur cale appartenant au port commercial djiboutien.
La coopération maritime inclut des échanges réguliers avec les autorités djiboutiennes. Des guetteurs djiboutiens ont été formés par des marins français dans le cadre de la mise en place de la chaîne sémaphorique djiboutienne. En 2012, des radars de surveillance ont été installés à cet effet le long des côtes djiboutiennes. Dans ce cadre, les marins français et djiboutiens échangent des informations dans une logique de renforcement de la surveillance maritime. « Nous formons tout autant des mécaniciens que des spécialistes de la sécurité incendie. Ils ont les mêmes procédures que nous », explique le capitaine de frégate Christophe Deldique.
La coopération maritime franco-américaine est aussi de mise à Djibouti. Elle existe déjà, mais elle doit désormais se systématiser et se formaliser. Dans cette optique, une nouvelle coopération est actuellement à l’étude entre les fusiliers marins français et l’US Coast Guard. Lors de l’escale d’un bâtiment français ou américain, les deux entités souhaitent améliorer les échanges d’information afin de maintenir une surveillance constante. La menace peut prendre l’aspect d’un skif pouvant tenter de s’introduire en zone protégée. L’attentat contre l’USS Cole en 2000 demeure dans toutes les têtes (attentat au cours duquel les FFDJ avaient de fait été sollicitées en matière de soutien santé). Dans le cadre de cette nouvelle coopération, un premier exercice conjoint entre les fusiliers marins et les gardes côtes américains doit se tenir à la fin du mois de novembre.
Reportage de Murielle Delaporte & Quentin Michaud.
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