Par Linda Verhaeghe – Loi de programmation militaire : une augmentation budgétaire sans précédent en perspective – La Loi de programmation militaire (LPM), qui a été présentée ce mardi 4 avril 2023 en Conseil des ministres par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, prévoit une augmentation budgétaire sans équivalent par le passé. Avec une enveloppe située à 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030, le budget alloué aux armées doublerait ainsi par rapport à ce qu’il représentait en 2017, passant en effet de 32 milliards d’euros à 69 milliards d’euros en 2030.

Selon l’entourage du ministre des Armées, ce choix d’approche trouve son explication dans « la dégradation rapide du contexte géopolitique, avec le retour de menaces que l’on a cru un certain temps disparues, et également, à travers cela, à l’apparition de très nouveaux sauts technologiques dans différents domaines, qui ont un coût ». La nouvelle projection, qui fixe le cadre de la politique de défense française sur les six années à venir (2024-2030), a donc été élaborée de manière à répondre à des besoins nouveaux, face à de nouvelles menaces, dans un contexte de guerre en Ukraine et de retour du combat de haute intensité.

Pour autant, assure l’entourage de Sébastien Lecornu, « ces ressources seront sanctuarisées pour nos armées, qui ne peuvent être impactées par le soutien que la France apporte à l’Ukraine ». En outre, « la trajectoire budgétaire est véritablement conçue comme une trajectoire plancher, et non plafond, comme auparavant, sur laquelle on a pu rogner ». D’ailleurs, le budget des armées pour 2023 va d’ores et déjà bénéficier d’un milliard et demi d’euros pour « accélérer le durcissement », a-t-on précisé à Opérationnels.

Pour revenir sur la loi, celle-ci met l’accent sur un certain nombre d’enjeux et de moyens ci-après listés :
– maintenir la crédibilité de notre dissuasion nucléaire ;
– renforcer la résilience sur le territoire national et affirmer notre souveraineté ;
– anticiper la haute intensité et un engagement majeur en renforçant notre réactivité et capacité à soutenir un effort dans la durée ;
– défendre les espaces communs, nouveaux lieux de conflictualité ;
– repenser et diversifier les partenariats stratégiques pour renforcer nos capacités d’influence, de prévention et d’intervention au-delà de nos frontières, ainsi que la capacité d’entraînement de nos alliés et partenaires pour mener en tant que nation cadre, si nécessaire, une opération d’envergure.

La future LPM se décline en quatre axes principaux :

• Le premier s’attache à « conforter les fondamentaux de notre défense » et implique un effort supplémentaire sur la dissuasion, le renseignement et la contre-ingérence, les forces spéciales (2 milliards d’euros leur seront consacrées sur la durée de la LPM), ou encore l’entraînement.

• Le second vise à « adapter notre outil militaire à l’évolution des menaces », avec un focus sur les drones, la défense surface-air (renouvellements, modernisations, investissements), les munitions, le maintien en condition opérationnelle, les munitions, et l’économie de guerre (stocks stratégiques, etc.). La France va donc investir dans une palette de nouvelles capacités prioritaires, parmi lesquels le renouvellement de l’artillerie avec le nouveau canon Caesar, le futur porte-avions de nouvelle génération (Pang) – dont la mise en service est envisagée d’ici 2040 -, ainsi que bien d’autres équipements, notamment dans le domaine de la guerre électronique, de la lutte anti-mines et des drones. Pour ce dernier type d’équipement, cela concerne les trois armées, avec 1 200 systèmes de drones, soit 3 000 drones incluant des systèmes de drones tactiques pour l’armée de Terre, d’ici 2025. L’armée de l’Air et de l’Espace réceptionnera quant à elle un premier système « Eurodrone » sur une cible de 6 systèmes d’ici 2030. Il s’agit par ailleurs de poursuivre l’acquisition des avions de transport A400M, avec 35 aéronefs attendus d’ici 2030 sur un contrat qui en implique 50 au total (la question du cadencement est en cours de discussion avec Airbus, toujours selon l’entourage du ministre), ainsi que de la mise en œuvre le passage au tout Rafale.

• L’axe suivant concerne plus spécifiquement l’innovation, en particulier par rapport aux nouveaux espaces de conflictualité, soit en matière spatial, cyber, mais aussi en matière de maîtrise des fonds marins.

• Enfin, le dernier axe se concentre sur les ressources humaines et prévoit aussi bien un recrutement de 6 500 personnes à terme, une montée en puissance de la réserve avec 40 000 réservistes supplémentaires, diverses mesures de fidélisation des recrues et d’amélioration des conditions d’exercice du métier au travers d’un « Plan famille II », ou encore de protection des blessés, ainsi qu’un renforcement des soutiens (en direction du Services du commissariat et Service de santé des Armées).

Pour en savoir plus, voir le PDF suivant >>> Livret de présentation de la Loi de programmation militaire 2024-2030

Photo : exercice Orion 2023 © SCH Hamilcaro, ministère des Armées, issue de >>> https://www.defense.gouv.fr/actualites/lpm-2024-2030-face-aux-menaces-moyens