Impact des révolutions arabes sur le Sahel

Par le Général de division Alain Faupin (2S), consultant international

*** Cet article est à paraître dans le prochain numéro de la revue Préventique sécurité (publication en janvier 2012).


3 janvier 2012 – Deux essais de prospective sur le terrorisme au Sahel [1] et sur les évolutions du Maghreb et du Machrek [2], ont jeté les bases d’une réflexion sur l’avenir de ces régions, mais n’avaient pas clairement établi de liens entre l’une et l’autre. Il serait honnête de confronter ces projections à la réalité d’aujourd’hui afin de juger de leur pertinence et, le cas échéant, de les reformuler. En termes de prospective, une période de six mois ou d’un an est d’une grande brièveté, mais, au regard de la vie politique, économique et sociale, cela peut paraître très long, surtout quand surviennent  des évènements majeurs et dramatiques, ce qui est bien le cas dans cette région élargie. Nous commencerons donc par un rappel très succinct de la situation aujourd’hui au Sud de la Méditerranée, région que nous avions laissée, après la révolution tunisienne, et avant l’affaire libyenne,  en grande effervescence. Nous vérifierons, à cette occasion, si les facteurs d’évolution se sont confirmés ou modifiés. Nous consacrerons ensuite un paragraphe aux conséquences fâcheuses de cette évolution pour le Sahel, que nous avions déjà mises en exergue dans la livraison de 2010 et que d’autres (en particulier Jean Christophe Rufin dans son roman « Katiba »[3], et Jean Guisnel, du Point[4]) avaient eux aussi évoquées sinon prévues. Il est important de relire les données de cette question telles qu’elles ont été exposées, en leur temps et du point de vue sahélien, par le ministre de l’intérieur du Niger de l’époque, Abouba Albadé[5]. Récemment interrogé sur le sujet, son appréciation de la situation s’est affinée mais  n’a pas foncièrement changé sinon en gravité, en ampleur et en urgence.


Source :  http://1jour1actu.com/monde/pourquoi-parle-t-on-d2019un-printemps-arabe/

 

Les évolutions depuis 2010
Les « révolutions arabes » sont toujours en cours; aucune n’a encore atteint son point d’équilibre. Si certaines élections ont eu lieu, en Tunisie, au Maroc et en Egypte notamment avec la percée de partis islamistes, les fondations de ces nouvelles démocraties restent encore à être bâties, si, pour autant, la charia revendiquée par beaucoup comme fondement des constitutions nationales est compatible avec le concept de démocratie d’inspiration occidentale. Et ce n’est là qu’un des aspects des innombrables problèmes qui se posent à ces pays dont certains ont été  totalement déstructurés par  le grand chambardement qu’ont été ces révoltes populaires.

L’Egypte évolue lentement vers une nouvelle constitution et vers un régime parlementaire, sans s’être encore défaite de la main mise militaire sur les instances de l’exécutif. Elle peine à maîtriser son économie qui a considérablement souffert de la défection du tourisme de masse. Les ferments d’autres révoltes sont là, tant la misère a gagné du terrain depuis les grandes manifestations de la place Tahrir qui ont forcé le Raïs à quitter le pouvoir. Les évènements de la seconde moitié de novembre 2011 ont montré que l’esprit de révolte et la volonté de réforme et de changements radicaux continuaient à dominer au sein de la population. Les résultats des premières consultations électorales libres ne laissent aucun doute à ce sujet et c’est le parti islamiste des frères Musulmans qui l’emporte largement. Que fera-t-il de sa victoire? Deux vases d’expansion sont toujours aux portes de l’Egypte, en mauvaise posture l’un et l’autre : la Libye à l’Ouest et le Soudan au Sud. On peut toujours craindre, dans les moments difficiles que traverse une nation, qu’elle n’aille chercher un exutoire à l’extérieur: la Révolution française n’a pas été avare d’exemples…

– Si nous devions parler ici de la Syrie, nous serions conduits à traiter d’Israël,  de la Jordanie,  de la Palestine et du Liban qui appartiennent, pour les trois derniers à un univers, certes revendiqué par les pays arabo musulmans, mais distinct du Maghreb et du Machrek. Il est certain néanmoins que l’effondrement,  apparemment inéluctable, mais toujours improbable,  du régime en place (Bachar el Assad) dans  ce pays charnière, remettrait durablement en cause les équilibres régionaux actuels et retentirait, avec des conséquences de tout ordre, jusqu’au tréfonds du Sahel et même de l’Afrique subsaharienne. Cette chute est souhaitée par beaucoup d’Etats qui condamnent la violence d’Etat et qui pourraient y voir l’occasion de redistribuer les cartes dans la région. Il est à craindre que les minorités ne fassent les frais de cette épreuve de force, tant il est vrai, au Moyen Orient,  que les minorités ethnico-religieuses  ont toujours été protégées par les minorités au pouvoir : que ces dernières viennent à disparaître et  la survie devient difficile pour leurs protégés.

La Libye est à reconstruire. Elle dispose pour cela de la bienveillance de la communauté internationale qui,  en l’aidant massivement sur le plan militaire et diplomatique, lui a permis de se débarrasser de son tyran. Elle a devant elle un devoir de réconciliation d’autant plus difficile que les combats ont été âpres et fratricides et que sa société est profondément fracturée en trois ensembles géographiques que tout oppose (Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan). Les ressources énergétiques qui lui avaient permis d’être le pays le plus riche d’Afrique devraient l’aider à se remettre rapidement sur pied si elle ne  cède pas aux démons de la division ou de l’outrance. Son armée est à reconstituer et l’autorité publique doit au plus tôt se faire sentir jusqu’à ses frontières, pour éviter que ne se perpétuent les transferts d’armement, les trafics d’êtres humains et les violations de souveraineté en tout genre avec les cinq pays qui la touchent (Algérie, Tunisie, Niger, Tchad, Egypte), eux-mêmes en proie à des difficultés économiques, sociales et politiques. Il lui appartient de se doter au plus tôt d’une capacité de gestion de risques car, petit pays riche, elle ne manquera pas de susciter des convoitises. Elle devra prendre sa part de responsabilité dans la gestion de l’espace saharien qu’elle a si largement contribué à polluer et à insécuriser. Pays traditionnellement modéré dans ses pratiques religieuses, elle peut néanmoins trouver dans  la culture islamique un nouveau fondement pour sa société : c’est sans doute le sens qu’’il faut donner aux déclarations du président du Conseil national de transition (CNT), Mustafa Abdel Jalil qui voit dans la charia (loi islamique) le seul point commun entre les tribus et les groupes humains qui composent la mosaïque libyenne.

– Quant à l’Algérie, elle doit probablement aux souvenirs horrifiés et encore bien vivants des terribles exactions commises sur la population et les forces de sécurité  au cours des années 1990 , par les fondamentalistes du GIA et du GCSP, de ne pas avoir été atteinte ou bouleversée par une révolution de même nature qu’en Tunisie, en Libye et en Egypte. Mais ses dirigeants ont senti le vent du boulet et se livrent en ce moment à un difficile exercice de renforcement des forces de sécurité, de modernisation des institutions et de répartition des richesses; le pays est riche mais sous-développé et l’insécurité règne encore dans de  nombreuses zones du fait de la rémanence de groupes armés qui se réclament du salafisme ou du nationalisme kabyle. Quant au Sahara, il peine à être contrôlé et les efforts de coordination avec les voisins  buttent sur la question du leadership, des échanges de renseignement et des moyens humains comme matériels. Mais aussi sur la question, incomplètement réglée du Sahara occidental, et de l’activisme suspect du Front Polisario. Les bases d’une coopération saharo-sahélienne ont néanmoins été jetées lors de la conférence d’Alger en mars 2010 mais l’état major opérationnel déployé à Tamanrasset « pour la durée des opérations » n’a jusqu’alors que peu servi, faute de moyens pour l’animer et de volonté commune pour l’armer.

Le Maroc est redevable à sa structure politico-religieuse particulière et à la très grande réactivité de l’exécutif, de ne pas avoir subi les mêmes avatars. Les problèmes ne manquent pas, ils sont endémiques et communs avec ceux des pays du sud de la Méditerranée, mais le dynamisme économique et le sens des responsabilités ont su faire pièce aux tentatives de déstabilisation menées par une jeunesse dont les perspectives professionnelles et le taux de chômage se combinent pour ne pas leur laisser beaucoup d’espoir. Si la nouvelle composition du parlement, sortie des urnes à la fin du mois de novembre 2011,  a mis le souverain en demeure de confier la primature au chef du parti islamiste, Abdelilah Benkirane,  cela a paru couler de source et ce n’est qu’au fil des mois que l’on pourra juger du respect des codes. Mais, là encore, il serait injurieux de porter un jugement abrupt sur une culture qui n’est pas la nôtre tout en étant commune à la grande majorité d’une population qui, de plus, s’est  exprimée pacifiquement, en toute liberté et en toute connaissance de cause. Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole[6]. Le différend politique qui l’oppose à l’Algérie sur la question d’un Etat sahraoui limite malencontreusement les chances d’une coopération entre les deux pays.

 

Source : image satellitaire des feux observés au sud de la ceinture sahélienne
(NASA, 2002, telle que reprise par Wikipédia)

 

Impact sur le Sahel, au-delà du Sahara
Nous en sommes donc à la croisée des chemins. Tout peut arriver, mais il serait intéressant, à ce point, de nous interroger sur les raisons pour lesquelles le Sahara et, plus au sud encore le Sahel,  offrent aujourd’hui le spectacle désolant que nous constatons. Là où le rallye Paris-Dakar passait en toute quiétude en essaimant le long de ses itinéraires des équipements pour les populations locales, il n’est plus du tout question de circuler sauf à risquer un rapt ou un assassinat, suivant l’humeur du jour. L’immensité ne fait rien à l’affaire. Les « choufs » sont innombrables et les informations remontent très vite par voie satellitaire. Les 4X4 ont remplacé les chameaux.

Antécédents
Les différends régionaux remontent loin entre les Etats riverains du Sahara : au moins à l’accord Mussolini Laval de 1935 sur la région pétrolifère d’In Aménas à Illizi (l’ancien Fort Polignac). On pourrait aussi évoquer l‘accord de Madrid de 1975 qui a partagé le Sahara Occidental entre la Maroc (Seguia el Hamara avec Lahoun comme capitale) et la Mauritanie (Tiris el Gharbia, avec Dakhla comme capitale). De même que le plan de règlement ONU-OUA de 1991, ou la conférence de conciliation de Manhasset aux Etats-Unis.

La frustration algérienne[7] proviendrait du fait qu’elle n’a pas été payée de retour par Kadhafi, après avoir joué un rôle actif dans sa prise de pouvoir notamment par l’éviction du roi Idriss, ainsi que dans l’essor du nouvel homme fort de la Lybie. Ce dernier,  mû par une ambition  que rien ni personne n’aura été en mesure de limiter, à l’exception notable  des Américains en 1986 et de la loi Dalmato qui a instauré un boycott international entre 1992 et 2003.

Bénéficiant de la situation intérieure dégradée de l’Algérie, de la perméabilité des frontières aux trafics de toute sorte, des rébellions successives des Touareg, de la révision des politiques africaines des puissances tutélaires, Mouammar Kadhafi va s’instaurer de facto, à partir de 1998, « Président des Etats Unis du Sahel », à coups de dollars,  de promesses, de livraisons d’armement, de soutiens aux rebellions, d’actes de terrorisme (avions d’UTA au Niger et de la PANAM à Lockerbie), voire même d’occupation de territoires (Tchad au Sud de la bande d’Aouzou).

Le discours d’Ourabi en 1981 est très explicite ; l’appel de Tombouctou en 2006, puis la conférence d’Ourabi en 2008 ne laissent aucun doute à ce sujet. Son objectif, non déclaré  mais transparent, est de contrecarrer l’influence relative de la France et de la Grande Bretagne dans toute la région ainsi que celle de l’Algérie, revenue à elle et sur la scène internationale  après les évènements sanglants des années 90.

Sans être liée directement au pouvoir libyen à qui elle a fini par échapper, et qu’il  finit par condamner,  l’activité terroriste se manifeste quotidiennement au Sahel et  se propage aux  Etats limitrophes.  Embuscades, attaques de postes isolés, enlèvements en rase campagne et jusqu’au cœur des grandes villes, attentats aveugles (à Marrakech en 2010) contre des  cibles militaires, policières ou industrielles, voire civiles, se multiplient depuis deux ans  en Algérie, en Mauritanie, au Maroc, sans parler bien sûr sur des cibles nigériennes liées à l’exploitation des mines d’uranium (Arlit 2010 et Niamey 2011).

Grâce au pillage des arsenaux libyens, AQMI[8] a renforcé ses moyens, notamment avec des missiles sol-air dont elle ne disposait pas jusqu’alors et d’accroître la pression sur tous les Etats de la région. AQMI pourrait donc bien devenir Al Qaida au Sahel islamique voire même Al Qaida en Afrique Islamique[9]. A l’appui de cette thèse, l’action de la secte Boko Haram au Nigéria  qui  a pris pour cible, après les policiers et les militaires, les églises chrétiennes et les occidentaux. Pour la première fois en Afrique, on assiste à des attentats suicides perpétrés par des Haoussas.

Les relations de Kadhafi avec l’Afrique sahélienne et sub-saharienne sont donc anciennes. La France en a payé le prix au Tchad dans les années 80, 90 et 2000, mais aussi en Côte d’Ivoire, plus récemment. La Guinée en a directement souffert ainsi que la Sierra Leone et le Liberia, dont le dictateur, Charles Taylor, échangeait diamants et richesses de cette nature contre des armes. Tout cela transitait par le Burkina Faso. Pour avoir fermé les yeux, sinon encouragé,  tous les trafics qui transitaient par son territoire, ou se développaient avec sa complicité,  drogue de Colombie, trafic d’êtres humains et d’armes, Kadhafi a jeté les bases du grand banditisme qui s’est emparé des tribus touarègues, aujourd’hui proches de la dissidence, bien armées,  résolument autonomes et prêtes à en découdre, notamment avec le Mali.  On peut évoquer ici le devenir de la garde touarègue de Kadhafi qui, dès sa fuite, a quitté son entourage avec plus d’armes que de bagages, bien décidée à se vendre aux plus offrants. Et, au sein de cette garde rapprochée, qui trouve-t-on ? Des Touaregs des Azaouas, mais aussi des R’guibat Sahraoui du Front Polisario, aujourd’hui puissamment armés et libres de toute attache sinon tribale, bien évidemment tentés de vivre une autre aventure lucrative au cœur du Sahara, en liaison ou non avec les groupes d’AQMI qui tiennent le haut du pavé[10].

L’imbrication des problèmes La situation est donc, aujourd’hui, d’une extrême complexité au Sahel soumis, bien plus gravement que par le passé, au risque des « rezzous » meurtriers, menés par des bandes à l’armement redoutable et à des fins difficilement identifiables, sinon matérielles. Ces éléments incontrôlés ont en main le commerce de la drogue et des êtres humains à destination de l’Europe, les ‘péages’, les trafics d’armes et de matières précieuses et celui, très rémunérateur des otages occidentaux. Les services de sécurité locaux et nationaux sont débordés et souvent moins bien armés et équipés que leurs adversaires qui, en plus, ont une connaissance parfaite du terrain pour y être nés et y avoir survécu, souvent en parias (ce qui légitime à leurs yeux la vengeance contre la société qui les a exclus). Il y a aussi un déficit de motivation au sein des forces de sécurité, soumises à rude épreuve et qui ne trouvent pas de relais au sein d’une population souvent largement stipendiée par les rebelles qui, en matière de communication de masse, savent à merveille utiliser les media  et les nouvelles technologies de communication. Les frontières sont totalement poreuses, faute de moyens humains et techniques pour les tenir. A une situation qui ne connaît pas les frontières, on ne saurait répondre par des actions nationales sans prendre le soin de les fédérer ou, au moins de les coordonner et c’est bien là que se situe l’essence du problème de la sécurité du Sahel.

La situation est donc, aujourd’hui, d’une extrême complexité au Sahel soumis, bien plus gravement que par le passé, au risque des « rezzous » meurtriers, menés par des bandes à l’armement redoutable et à des fins difficilement identifiables, sinon matérielles. Ces éléments incontrôlés ont en main le commerce de la drogue et des êtres humains à destination de l’Europe, les ‘péages’, les trafics d’armes et de matières précieuses et celui, très rémunérateur des otages occidentaux.

 

Conclusion et recommandation
Sur le plan des opérations, il y a eu, suite aux accords d’Alger d’octobre 2010, création d’un état-major international à Tamanrasset, sous commandement algérien. Le  moins que l’on peut en dire est qu’il ne fait pas l’unanimité ni ne rassemble toutes les informations qui lui seraient nécessaires pour fonctionner. Il est très discret et souhaite ne faire appel qu’aux Etats de la région, à l‘exception de toute coopération occidentale. L’urgence voudrait, au contraire, qu’une coopération s’établisse au plus vite avec les organisations de sécurité existantes qui disposent à la fois de moyens et d’expérience pour traiter ce type de question. Cette question a déjà fait l’objet d’un développement dans un article précédent [11]sur les dispositifs de sécurité à adopter par les Etats pour protéger leurs points sensibles. Il préconisait trois cercles de protection, rapproché, national et régional/international ainsi qu’un effort accru sur l’acquisition et l’échange de renseignement.  Il évoquait enfin le gel de tout trafic transsaharien le temps nécessaire  pour permettre le déploiement, l’action et l’interaction de forces internationales sous commandement régional. Ce n’est que dans ce type de coopération, largement aidée sur le plan matériel et technique par les pays du nord de la Méditerranée[12] et d’outre atlantique que peut se trouver une solution au grand banditisme qui perturbe  gravement la vie et le développement des populations, déjà bien éprouvées du Sahel. Mais cela ne peut s’envisager qu’entre Etats qui respectent l’état de droit. Les progrès dans ce sens sont notables et les révolutions arabes, si elles tiennent leurs promesses, devraient atteindre à cet idéal.
Certains esprits chagrins peuvent voir dans l’accès aux gouvernements laissés vacants par  des régimes désavoués,  dictatoriaux ou corrompus, de partis se réclamant de la charia. Mais s’il s’agit là de l’expression d’un souhait populaire, encadré par une Constitution qui respecte la Charte de l’ONU et donc la déclaration universelle des droits de l’homme, il ne devrait pas y avoir motif à inquiétude, au contraire. Pour autant, ce serait faire preuve d’un angélisme puéril que d’ignorer que « cette législation islamique, élaborée du IXème au XIème siècle a créé un code de la famille ou «statut personnel» qui établit pour l’éternité des rapports inégaux entre hommes et femmes et entre musulmans et non-musulmans »[13]. «Tout système politique est incarné dans une culture : la démocratie américaine n’est pas la même qu’en France en Grande Bretagne ou en Italie, a fortiori en Corée ou au Japon. La démocratie musulmane prendra d’autres figures que la démocratie occidentale… »[14]

Cette citation est une note d’espoir et de foi dans le futur de cette région et des pays qui la composent. En revanche  c’est sans naïveté qu’il faut continuer à analyser les données complexes,  toutes factrices  de risques majeurs pour la sécurité et le développement de cette partie de l’Afrique. L’Union Européenne, en dépit de la crise à laquelle elle doit faire face, ne peut manquer de s’impliquer dans ce dossier, sans complexe, comme elle l’a si brillamment fait en Lybie.

«Tout système politique est incarné dans une culture : la démocratie américaine n’est pas la même qu’en France en Grande Bretagne ou en Italie, a fortiori en Corée ou au Japon. La démocratie musulmane prendra d’autres figures que la démocratie occidentale… ». Cette citation est une note d’espoir et de foi dans le futur de cette région et des pays qui la composent. En revanche  c’est sans naïveté qu’il faut continuer à analyser les données complexes,  toutes factrices  de risques majeurs pour la sécurité et le développement de cette partie de l’Afrique. L’Union Européenne, en dépit de la crise à laquelle elle doit faire face, ne peut manquer de s’impliquer dans ce dossier, sans complexe, comme elle l’a si brillamment fait en Lybie.


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Notes de bas de page et références


[1] Préventique sécurité n°113 de septembre octobre 2010

[2] Préventique sécurité n°116 de mars avril 2011

[3] Jean Christophe RUFIN, Katiba, Flammarion 2010

[4] Jean GUISNEL, sur la sécurité d’Areva,  http://www.le point.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/niger (20/9/2010)

[5] Préventique sécurité n°108 de novembre-décembre 2009

[6] Napoléon 1er, allocution aux curés de Milan 5 juin 1800

[7] Dr Mourad Goumiri, « L’Algérie est-elle en situation de guerre », El Watan, 15 novembre 2011

[8] Al Qaida au Maghreb Islamique

[9] Eric Denécé, cité par « Les Afriques » du 1-10-2011

[10] « Au lendemain de l’enlèvement de trois humanitaires européens dans le camp de Rabouni à Tindouf le 23 octobre dernier, le Polisario et l’Algérie ont été prompts à accuser Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), réfutant toute implication dans ce rapt, malgré les accusations portées notamment par le Maroc, adversaire traditionnel du Polisario. Deux mois plus tard, l’arrestation de deux suspects sahraouis, ce lundi 5 décembre à Nouadhibou au nord-ouest de la Mauritanie, vient confirmer la thèse selon laquelle l’enlèvement des deux ressortissants espagnols et d’une Italienne serait bel et bien l’œuvre de Sahraouis actifs au sein du Polisario. En effet, suite à une dépêche de l’agence française AFP, et selon des sources sécuritaires actives dans la région, (…), les deux présumés ravisseurs sahraouis seraient les dénommés Maminna Alaaguir Ahmed Baba et Aghdafna Ould Hamoudy Ould Ahmed Baba, âgés respectivement de 29 et 32 ans. Selon ces sources, Mammina -qui a étudié en Algérie et en Libye-a été appréhendé avec son acolyte dans une chambre d’hôtel au centre-ville de Nouadhibou qu’ils occupaient depuis une dizaine de jours»  […]   « Autre élément capital qui vient confirmer l’implication du Polisario dans le rapt, Aghdafna Ould Hamoudy Ould Ahmed Baba ne serait autre autre que le fils du représentant du Polisario à Cantabria en Espagne, Hammoudy Ould Ahmed Babab Ould Sheikh Buhali, lui même fils d’un notable de la tribu des Ouled Dlim. Selon de hauts responsables du Polisario en dissidence du leadership actuel contactés ce matin, trois autres arrestations auraient eu lieu ce mardi matin au sein des camps de Tindouf. Parmi les Sahraouis appréhendés, le responsable du protocole de la « maison internationale » au sein de laquelle se trouvaient les travailleurs humanitaires lors de leur rapt. Peu après le rapt, le service de renseignement algérien, le DRS, inquiet de cette dérive potentielle du Polisario, avait diligenté une enquête[….] » (Sahel Intelligence 06 dec 2011)

[11] Préventique Sécurité n°113 «Terreur au Sahel, les leçons à tirer », pp.34-36  septembre octobre 2010

[12] « Les vingt-sept pays membres de l’Union européenne se pencheront sur les moyens d’aider la Mauritanie, le Mali et le Niger à renforcer leur arsenal antiterroriste », a annoncé le 2 décembre Catherine Ashton, représentante de l’UE pour les Affaires étrangères.  “Cette assistance dont les moyens seront dévoilés avant la fin de l’année 2011 cherche à renforcer les capacités des pays du Sahel pour qu’ils soient en mesure de répondre aux défis liés à la sécurité dans la région, avec une coordination limitée avec l’Union africaine”, affirme cette déclaration. (Maghrebia, 7 décembre 2011)

[13] Christian Lochon, De l’empire ottoman au printemps arabe : le problème des minorités religieuses chrétiennes, in Bulletin trimestriel n°765  de l’Œuvre d’Orient , oct.-déc. 2011. Il précise  qu’en 1979 le Royaume saoudien avait fait rédiger par les ulémas wahhabites une « Déclaration islamique des droits de l’homme » ; les articles y paraissent identiques à ceux du texte onusien , mais à plusieurs endroits sensibles, le texte apporte une clause restrictive ainsi libellée : «si ces droits ne contreviennent pas à la Loi (divine) ». Beaucoup, hélas y contreviennent.

[14] Pierre de Charentenay, rédacteur en chef de la revue Etudes, dans « La Croix » du 28 novembre 2011