Désengagement d’Afghanistan

14 mai 2012 – Brève OTAN
A mesure que les membres de la coalition se désengagent les uns après les autres d’Afghanistan, la question des voies de retour  et des moyens accessibles risque de se poser avec une acuité croissante. Depuis la mort de vingt soldats pakistanais lors d’une frappe américaine le 26 novembre dernier, la route d’accès via la frontière pakistanaise est fermée causant un empilement de matériel bloqué problématique, augmentant le coût d’approvisionnement de façon exponentielle (côté américain ce coût serait passé selon certaines estimations de 17 millions de dollars à 87 millions de dollars par mois, dans la mesure où un tiers des livraisons passait il y a six mois par le Pakistan) et exposant les convois logistiques de la coalition à une plus grande vulnérabilité en raison de leur dépendance des voies nord (NDN pour « Northern Distribution Network »).

 

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Ce n’est pas la première fois que le Pakistan interdit les points de passage vers l’Afghanistan : cela s’était produit en 2010 pendant quelques semaines au cours desquelles les convois avaient fait l’objet de pillages et d’incendies. Les convois sont donc à l’heure actuelle bloqués à des endroits un peu plus sûrs, mais bloqués quand même. A l’approche de Chicago, des négociations entre l’OTAN et le Pakistan sont en cours pour essayer d’obtenir la réouverture de la frontière avec le Pakistan (l’OTAN a même invité le Pakistan à assister au Sommet de l’OTAN), mais, malgré des signes encourageants de la part d’Islamabad, certains militaires américains s’inquiètent en privé conscients qu’une telle décision peut du jour au lendemain être remise en question. De fait les relations triangulaires entre Washington, Kaboul et Islamabad sont depuis ces dix dernières années imprégnées de suspicion et de perceptions mutuellement erronnées : de l’avis de certains experts américains plutôt sceptiques quant à une amélioration à terme, le Pakistan et les Etats-Unis s’accusent l’un et l’autre d’aggraver le conflit en Afghanistan, le premier par incompétence, les seconds par realpolitik. En attendant les enchères montent… S’ajoute à la problématique des routes celle des modes choisis : la voie ferrée ne peut être viable que pour des biens de moindre importance en raison de l’importance des vols effectués sur les cargaisons tout le long du parcours ; la voie routière est dangereuse et limitée ; la voie aérienne est chère et les gros porteurs type Antonov 124 sont une denrée rare que se partagent les membres de la coalition.