Texte et photos par Manuella Benquey Le Vaillant


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Crédit photos : mblv, Bordeaux, septembre 2012


   18 octobre 2012 – Evènement majeur des Journées Aéronautiques d’Aquitaine [1], la première édition d’ADS Show Europe, salon européen du maintien en condition opérationnelle (MCO) aéronautique de Défense s’est tenue dans la région bordelaise du 25 au 27 septembre 2012.

Les trois journées ont été rythmées par deux temps forts.

– Le premier, sur le site d’Aerocampus à Latresne, a réuni plus de sept cents personnes le 25 septembre ; celles-ci ont participé au premier forum sur la formation aux métiers de la maintenance aéronautique, inauguré par le Ministre de la Défense, Monsieur Jean-Yves Le Drian.

– Le second temps fort s’est déroulé sur la base aérienne (BA) 106 de Mérignac les 26 et 27 septembre. L’évènement a rassemblé plus de trois mille visiteurs professionnels, militaires et civils, dont le Général Denis Mercier, nouveau chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air.

 

Industriels et donneurs d’ordres étatiques ont eu l’occasion de se rencontrer durant ces deux jours. Aux côtés des grands groupes du secteur, soixante-dix PME et très petites entreprises (TPE) ont, elles aussi, eu l’occasion de faire la démonstration de leurs différents savoir-faire.


Outre les rendez-vous d’affaires, le salon a également été l’occasion de plusieurs tables rondes et ateliers.

L’ingénieure Générale de l’Armement (IGA) Monique Legrand-Larroche, à la tête du service du MCO de la direction des opérations de la Direction Générale de l’Armement (DGA) a ainsi détaillé les principaux enjeux et spécificités du MCO aéronautique de Défense en France aujourd’hui :


–          la finalité opérationnelle doit prévaloir sur toute autre considération ;

–          environ deux milliards d’euros de contrats sont passés chaque année à l’industrie publique ou privée ;

–          la maîtrise des coûts est un enjeu majeur compte tenu des restrictions budgétaires mais il ne doit pas être dirimant ;

–          l’hétérogénéité du parc aéronautique – constitué d’appareils vieux de plus de quarante ans et d’aéronefs ultramodernes tels que le Tigre, le NH 90 Caïman ou le Rafale – rend impossible toute comparaison des coûts de soutien au regard des différences de possibilités opérationnelles.


Après avoir rappelé que, au-delà du taux de disponibilité technique, la réalisation de la mission était à ses yeux l’indicateur le plus important, l’IGA Legrand-Larroche a précisé l’importance pour la DGA du soutien logistique intégré, en tant que démarche de management visant à prendre en compte le soutien dès la conception du système principal.


Le Général Michel Pinaud, directeur de la Structure Intégrée de MCO des Matériels Aéronautiques de la Défense (SIMMAD), a, quant à lui, défini le MCO comme une des composantes de la capacité opérationnelle et non une simple contribution. Il a également exposé les quatre modalités dont dispose l’Etat pour faire réaliser le MCO de ses aéronefs militaires :


–          l’Etat « intégrateur de MCO », à l’instar des flottes de Mirage 2000 et de Super Etendard Modernisé – avec pour maître d’œuvre le Service Industriel de l’Aéronautique ;

–          l’achat d’une prestation de maintenance partielle, comme c’est le cas pour les AWACS et les Falcon 50 de la Marine nationale ;

–          l’achat d’une disponibilité technique globale telle que pratiqué pour l’A330 présidentiel ;

–          l’achat, enfin, d’une capacité, lorsque l’Etat achète des heures de vol à l’exemple notamment du Grob 120A, avion d’entraînement pour la formation de base des pilotes de l’Armée de l’Air sur la BA 709 de Cognac.


Sur la question subséquente de la répartition entre le soutien étatique et le soutien privé, le Général Pinaud a mentionné les quatre critères qui doivent présider au choix :


–          l’existence d’une offre ;

–          la sensibilité du domaine au regard de la capacité opérationnelle ;

–          le risque lié à la dépendance à un seul prestataire ;

–          l’autonomie des armées.


Le directeur de la SIMMAD a terminé son propos en évoquant l’enjeu essentiel, qui demeure de « faire voler des équipages, et non un parc », ce dernier étant toutefois « à dimensionner pour l’objectif opérationnel prévu ».


A l’aune de son taux de fréquentation, l’ADS Show Europe a été sans conteste une belle réussite. Le salon devient également, dès sa première édition, un rendez-vous biennal incontournable de dialogue entre les différents acteurs du MCO aéronautique de Défense, donneurs d’ordres étatiques et industriels.

Le secteur d’activités ne déroge pas à la règle : la recherche de la maîtrise des coûts oblige en effet l’Etat à faire évoluer ses pratiques et à rechercher de nouveaux modes contractuels.

Les attentes des industriels sont d’autant plus grandes que les principaux groupes européens bénéficient du retour d’expérience des pratiques britanniques et allemandes, les deux pays ayant fait plus largement le choix de l’externalisation depuis longtemps déjà.

La France est aujourd’hui, dans ce domaine, au milieu du gué. A l’instar des plateaux collaboratifs, des contrats globaux ou des partenariats public-privé, le « champ des possibles » organisationnel et contractuel est vaste. L’ADS Show Europe, en rassemblant l’ensemble de la communauté du MCO aéronautique de Défense, contribuera désormais à l’explorer.




[1] Voir : http://sldinfo.com/fr/2012/journees-aeronautiques-en-aquitaine/