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Extraits exclusifs de l’ouvrage « L’affaire Edward Snowden, une rupture stratégique ». Quentin Michaud & Olivier Kempf. Parution jeudi 4 décembre. 216 pages. 19 euros. Editions Economica.  

Jeudi 6 juin 2013. Les journaux The Guardian US et le Washington Post révèlent, pour la première fois, l’existence d’un programme américain de surveillance automatique nommé PRISM grâce aux fuites d’un certain Edward Snowden. Celui-ci permet de capter, écouter, trier et analyser les informations qui transitent à travers l’ensemble du cyberespace. L’onde de choc est mondiale. Les activités de la National Security Agency (NSA) au coeur du cyberespace sont mises au grand jour. Le scandale prend immédiatement une ampleur incontrôlable par l’administration américaine.

Le renseignement technique, comprenant les interceptions et les écoutes, constitue certainement la partie la plus secrète des services de renseignement. Il constitue à lui seul un instrument de recueil d’informations hautement stratégiques au profit des plus hautes autorités d’un État. Pour la première fois, ce verrou saute. Une quantité inédite de procédures utilisées par la NSA dans le cadre de ses cyberopérations de renseignement est révélée.

Le renseignement technique constitue certainement la partie la plus secrète des services de renseignement

Au-delà de la chronologie, l’affaire Snowden est un gigantesque écheveau qui repose sur un ensemble d’acteurs clefs aux motivations diverses. Elle suscite de multiples réactions disproportionnées et désorganisées. Assemblés, ces éléments constituent une pelote qui n’est pas encore totalement déroulée. Pour tenter de l’appréhender, il convient de comprendre les origines de la NSA, la personnalité d’Edward Snowden, le rôle des différents protagonistes, les diverses réactions aux révélations et notamment la réaction française, avant de décrire succinctement l’architecture du programme telle qu’on peut la reconstituer.

L’affaire Snowden agit enfin comme le révélateur d’évolutions profondes qui ne touchent pas, d’abord, au monde du renseignement ou même seulement à la géopolitique ou à la stratégie mais à la structure et au fonctionnement de nos sociétés contemporaines. En réalité, malgré l’abus du mot stratégique aujourd’hui (stratégie d’entreprise, stratégie médiatique, stratégie ministérielle, stratégie de l’individu… qui n’a pas de « stratégie » aujourd’hui ?), l’affaire Snowden apparaît comme réellement stratégique, au sens de ce que les Anglais appellent la « grande stratégie ». Elle présente des ressorts qui dépassent le simple affrontement militaire pour s’élever à des questionnements géopolitiques et politiques.

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