(source: L’Express)
Chargé d’études à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), Michel Gandilhon analyse pour l’Express les courbes de la production et de la consommation des produits stupéfiants les plus répandus.
Un récent rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime [ONUDC] révèle une explosion de la production de cocaïne et d’opium à travers le monde. Comment l’expliquer ?
Entre 2016 et 2017, on a atteint des records historiques. L’opium, la matière première de l’héroïne, provient essentiellement d’Afghanistan, qui réalise les trois quarts des récoltes mondiales [10 500 tonnes]. Cela s’explique par la désagrégation du pouvoir étatique. D’un côté, les talibans encouragent cette production en prélevant un impôt, de l’autre, dans un contexte économique très difficile, cette culture est devenue pour 200 000 familles paysannes un moyen de survie. Dès 2012, anticipant les effets du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, certains spécialistes prévoyaient un boom de l’opium. Ensuite, il faut aussi s’interroger sur les destinations : 10 000 tonnes d’opium permettent de fabriquer environ 1 000 tonnes d’héroïne pure, sans compter les stocks préexistants. Ce qui est considérable. On assiste au développement d’un marché régional avec une forte demande en Afghanistan, mais aussi au Pakistan et en Iran. L’autre grande destination est l’Europe, mais il est prématuré de dire qu’il y aura mécaniquement une hausse de la consommation. En revanche, ces niveaux de production font que l’héroïne sera rapidement plus disponible, plus accessible et sans doute plus pure. On peut donc s’attendre à en voir davantage sur le marché français dans les prochaines années.
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