(Le Figaro – Stanislas Poyet ) – Le groupe État islamique prépare la résurgence de son califat
L’État islamique continue d’attirer des partisans en Irak et en Syrie.

Bien avant la chute de son dernier bastion, l’État islamique a préparé la bascule de son activité vers l’insurrection clandestine. Bien qu’affaiblie, l’organisation terroriste conserve une forte capacité de nuisance, comme le montre la régularité de ses attaques au Levant.

Cinq mois après la reprise de Baghouz aux forces de Daesh et la déclaration triomphante de Donald Trump sur la victoire «à 100%» sur le califat, l’organisation terroriste reste menaçante. Un rapport du département de la Défense américain, publié le 6 août, rappelle la «solidification des capacités d’insurrection du groupe armé en Syrie, deux semaines après qu’un rapport de l’ONU alerte sur son «éventuelle résurgence».

Partout en Syrie et dans la majeure partie de l’Irak, l’État islamique a perdu le contrôle de ses territoires, et l’organisation a basculé dans la clandestinité. Elle a troqué ses opérations militaires conventionnelles contre des opérations coup de poing: attentats, assassinats, embuscades. Le rapport du Pentagone fait état de la multiplication des cellules dormantes de l’organisation en Syrie, «selon la même stratégie que celle déployée en Irak depuis 2017». Ce processus de reconversion de l’activité terroriste de l’EI est plus avancé en Irak, où le califat est très atifs dans les provinces de Diyala au nord-est de Bagdad, de Dijlah (Tigre), au sud et à l’ouest de la province de Ninive et le nord-ouest de celle de Kirkouk, sur la ligne séparant les Kurdes du gouvernement de Bagdad.

«Préparer une éventuelle résurgence du califat»
Pour le Pentagone, la stratégie de l’État islamique est claire: s’adapter, survivre et se renforcer au Levant pour préparer une éventuelle résurgence du califat. En Irak, l’EI maintient une chaîne de commandement stable et détient des capacités de mener des opérations asymétriques. Les djihadistes jouent des tensions interethniques entre Kurdes et Arabes, et interconfessionnelles entre chiites – au pouvoir – et sunnites, écartés des prises de décisions depuis la chute de Saddam Hussein.

En Syrie, le groupe islamiste profite de la fragmentation du pays pour se dégager une marge de manœuvre. Dans les zones tenues par les Kurdes dans le nord-est du pays, le retrait partiel des troupes américaines a fragilisé les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) qui peinent à assurer la sécurité de ces territoires. Cette armée, principalement dirigée par ses éléments kurdes, est mal acceptée dans les provinces à majorité arabes de Raqqa, Hasakah et Deir Ezzor, où Daesh les dépeint comme une force d’occupation.

Les djihadistes bénéficient de nombreux relais familiaux et tribaux dans les régions sunnites. Ils continuent de recruter, en particulier dans les zones rurales, et dans les camps de déplacés qui accueillent de nombreuses familles de l’État islamique et notamment des milliers de jeunes. À Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, près de 70.000 personnes s’entassent dans les baraquements insalubres du camp (contre 10.000 en décembre), parmi eux, 50.000 ont moins de 18 ans. Ces jeunes sans familles sont une cible de choix pour l’État islamique. L’organisation a mis en place des campagnes de financement pour venir en aide à ces populations, et elle orchestre en parallèle une propagande rodée (…)

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Illustration ©  J. Cafarella, B. Wallace et J. Zhou (ISW), Isis’s Second Comeback, juin 2019, telle que publiée dans ibid