Par Linda Verhaeghe – Le Gifas affiche des résultats solides pour 2024 et dévoile ses perspectives pour 2025. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 10 %, le secteur aéronautique et spatial demeure dynamique en s’adaptant à un contexte géopolitique complexe. Pour 2025, les priorités se concentrent sur l’innovation, la décarbonation et la souveraineté européenne tout en renforçant la compétitivité et l’emploi.

A quelques semaines de l’ouverture du Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) du Bourget, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) vient de tenir sa conférence de presse annuelle, ce mardi 6 mai 2025. L’occasion pour la filière de revenir sur une année 2024 dynamique et de dévoiler ses priorités pour 2025.

Guillaume Faury, président du GIFAS et CEO d’Airbus, était accompagné de Clémentine Gallet, présidente du comité Aéro PME du Gifas et CEO de Corolis Composites, de Didier Kayat, président du Groupe des Equipementiers Aéronautiques, de Défense et Spatiaux du Gifas et CEO de Daher, ainsi que de Frédéric Parisot, délégué général du groupement.

Activité en hausse y compris au sein de la chaîne d’approvisionnement …

Avec un chiffre d’affaires de 77,5 milliards d’euros en 2024, en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente, le secteur aéronautique et spatial, civil et de défense, signe une belle performance qui témoigne d’une reprise du secteur dans un contexte demeurant pourtant complexe. Guillaume Faury souligne que cette dynamique est d’autant plus remarquable qu’elle intervient dans un environnement géopolitique tendu après une chute des activités liée au Covid.

La reprise des livraisons, notamment dans l’aviation civile, tire l’ensemble de la chaîne vers le haut, avec un niveau d’activité hors Europe désormais supérieur à celui d’avant la pandémie. Toutefois, Guillaume Faury nuance cette performance de par l’inflation cumulée depuis 2019, estimée entre 15 et 18 %.

Le secteur reste porté par l’international avec 82 % des ventes réalisées à l’export. Le civil représente les trois quarts de l’activité, contre un quart pour le militaire. Et, fait notable, 90 % des entreprises de la supply chain ont enregistré une progression de leur chiffre d’affaires, et les commandes ont augmenté de 5 %.

Le spatial, secteur dual, affiche un bilan contrasté. Bien que sous forte pression face à une concurrence américaine intense et à une diversification du marché, celui-ci enregistre une légère croissance de 2,6 % à 4,76 %, portée par des projets civils comme militaires. Guillaume Faury a rappellé à cet égard le rôle fondamental d’une « filière d’excellence vitale, car au cœur de la souveraineté française et européenne ».

Emploi à la hausse …

En matière d’emploi, le secteur totalisait 222 000 salariés fin 2024, un niveau en hausse de 10 % par rapport à l’avant-Covid. Selon les données communiquées, un tiers de la croissance économique française en 2024 serait attribuable à l’aéronautique et au spatial. Des chiffres qui confirment le rôle central du secteur dans la balance commerciale nationale.

Tout en reconnaissant que 90 % des entreprises du secteur se portent effectivement très bien, Didier Kayat a cependant apporté un bémol sur ce tableau très performant en soulignant deux risques :

  • un risque commercial potentiel lié à la fin des exonérations de droits de douane entre l’Europe et les États-Unis, qui pourrait pénaliser la compétitivité de la filière ;
  • une certaine fragilité encore palpable en raison des contraintes post-Covid, comme le remboursement des dettes, lequel pourrait peser sur leurs capacités de recrutement.

Sur le terrain de l’emploi et de la formation, Clémentine Gallet a salué les efforts engagés depuis 2022, avec un renouvellement ou une montée en compétences de 30 % des équipes. Le GIFAS soutient ces démarches à travers des dispositifs de formation et des modules comme Aéro Excellence. « Le secteur est exigeant, mais nous renforçons sans cesse sa compétitivité grâce à la qualité et à la sécurité », a-t-elle souligné.

Et moteur de croissance

Entre innovation, souveraineté et décarbonation, Guillaume Faury a détaillé les priorités pour l’année 2025 en clôturant l’événement :

  • soutenir l’émergence de la filière carburants durables (SAF) via le Comité pour la recherche aérospatiale civile (CORAC) ;
  • maintenir le Crédit d’impôt recherche (CIR), essentiel à l’innovation ;
  • consolider la filière spatiale européenne « pour une Europe souveraine et compétitive » ;
  • préserver la Loi de programmation militaire (LPM), garante des investissements ;
  • alléger les charges et simplifier le cadre réglementaire, jugé trop complexe.

Il alerte toutefois sur la productivité unitaire, qui n’a pas retrouvé son niveau de 2019. « Il faudra plusieurs années pour combler cet écart », estime-t-il ainsi en appelant à une mobilisation collective de la filière.

Alors que l’édition 2025 du Salon du Bourget s’annonce comme toujours comme le moment fort pour l’industrie aéronautique, le GIFAS entend, plus que jamais, démontrer que l’excellence française reste un moteur de croissance pour l’avenir au service d’une filière plus verte, plus souveraine et plus compétitive.

 

Photo © Linda Verhaeghe, 6 mai 2025