Joint Warrior est un exercice OTAN traditionnellement organisé par le Royaume Uni deux fois par an, en avril et en octobre. La première édition 2015 (JW15-1), qui s’est achevée la semaine dernière au large des côtes écossaises, a été le cadre de la plus grande participation en nombre de pays et de moyens jamais enregistrée depuis la naissance de cet exercice multilatéral. Entre le 11 et le 24 avril étaient ainsi présents 55 navires, 70 aéronefs, 13 000 personnels militaires issus de 15 pays : l’Allemagne, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, les Etats-Unis, la Finlande, la France, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, le Royaume Uni, la Suède et la Turquie.
Trois des quatre groupes navals de l’OTAN – Standing NATO Group Two (SNMG2) et Standing NATO Mine Counter-Measures Groups 1 et 2 (SNMCMG1/2) – ont ainsi profité en particulier de cette occasion pour s’entraîner à toutes sortes de scénarios mettant à profit les retours d’expérience d’exercices antérieurs et d’opérations en cours. Sur fond, hélas bien réel, d’une double-menace en provenance du Sud et de l’Est, les « drills » ont inclu notamment les éléments suivants : localisation de forces navales ennemies de surface et sous-marines ; défense contre des attaques aériennes ; défense contre des pirates et élimination d’un camp de pirates ; conduite d’une opération de grande envergure contre une puissance hostile ; mais aussi – scénario un peu inhabituel – déminage notamment à l’aide de robots sous-marins semi-autonomes (ROV pour «Remotely-Operated Vehicles ») en préparation d’un débarquement amphibie.
Une telle intégration des différentes forces navales, sans même aborder la coordination avec les aspects aéroportés et terrestres, ni avec les aspects multinationaux, représente une opportunité sans précédent pour tester la bonne coordination des unités ainsi que les tactiques les plus appropriées pour assurer la supériorité des forces de l’Alliance atlantique. Ainsi que le souligne le Commander Peter Bergen Henegouwen, officier de la Marine néerlandaise et commandant du SNMCMG1, « bien que débattu depuis des décennies, la courte durée des exercices incite généralement à se concentrer – mais de façon séparée – sur le meilleur entraînement possible pour les chasseurs et dragueurs de mines d’un côté, les frégates de l’autre. Une opération amphibie permet de réunir tous les types de moyens de combat et de se poser nombre de questions. (…) Comment communiquer les uns avec les autres? Comment se défendre les uns les autres? Comment amener une frégate au-dessus d’un champ de mine potentiel? Tous ces défis apparaissent dès qu’une opération amphibie est montée. Ce type d’opération est certainement la plus complexe et la plus complète que l’on puisse mener. » (1)
Le SNMCMG1 a quitté le port hollandais de Den Helder en janvier dernier avec un navire de soutien et de commandement et un dragueur de mines allemands (le FGS Donau et le FGS Auerbach), un chasseur de mines belge (le BNS Lobelia) et un chasseur de mines britannique (le HMS Pembroke). Il fut rejoint par la suite par trois autres chasseurs de mines hollandais (le HNLMS Willemstad), polonais (l’ORP Mewa) et norvégien (l’HNOMS Rauma). En plus de moyens sonars tels que PVDS (« Propelled Variable Depth Sonar » de Thales) et d’équipes de plongeurs (dont une équipe de la Marine belge pouvant descendre à 80 mètres de profondeur), le groupe dispose en termes de capacités ROV notamment de SeaFox (fabriqué par la société allemande Atlas Electronik et successeur du Poisson autopropulsé français) et d’un REMUS (« Remote Environmental Monitoring UnitS » fabriqué par la société Kongsberg Maritime), lequel pourrait à terme devenir un moyen organique du groupe de l’OTAN.
Quelques semaines avant de rejoindre Faslane en Ecosse d’où démarrait JW15-1, le SNMCMG1 détruisait aux large des côtes françaises des bombes et explosifs datant de la Seconde guerre mondiale dans le cadre d’un autre exercice appelé French HODOPS…
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(1) Entretien à bord du FGS Donau, janvier 2015 (à paraître dans son intégralité dans notre prochain numéro)
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Version courte publiée dans TTU >>> http://www.ttu.fr/joint-warrior-2015-participation-record/
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Crédit photo: Le SNMCMG1 en formation en mer Baltique (FGS Auerbach, BNS Lobelia et HMS Pembroke), M. Delaporte, 2015