BA12 : faire face aux nouvelles menaces côtières

par Murielle Delaporte

L’USS San Antonio en déploiement avec d’autres navires de la coalition dont le BPC Mistral (en second plan) pendant la phase préparatoire de Bold Alligator 2012 (crédit photo: 1st Class Tommy Lamkin, US navy, 5 février 2012, www.navy.mil)


16 février 2012 – Pour le groupe amphibie américain Iwo Jima (ARG pour « Amphibious ready Group ») et la 24ème MEU («Marine Expeditionary Unit »), l’exercice Bold Alligator 2012 s’est achevé voici quelques jours et  une période de pré-déploiement va commencer. De fait, BA12 a été le prétexte pour assurer la certification des unités navales américaines en partance au printemps.

Si les médias américains ont spéculé sur le fait que les éléments du scénario de cet exercice de grande ampleur semblaient correspondre à un ennemi de type Iran, les autorités militaires américaines en revanche ont  souligné  sans cesse  la durée de sa préparation sur plusieurs années et le fait que les  menaces réincarnées sur les côtes de Virginie et de Caroline du Nord reflétaient  celles posées par l’Iran, et malheureusement plusieurs autres aussi. Le déni d’accès côtier ou de voie de passage par l’emploi des  mines sous-marines et la profusion de missiles sol-mer font malheureusement partie de l’évolution du paysage stratégique face auquel les doctrines et tactiques militaires des pays occidentaux doivent s’adapter.

Bold Alligator 2012 s’est révélé inhabituel à de multiples égards :

– par son ampleur (environ vingt cinq navires et vingt mille hommes),
– son caractère international (dix nations participantes),
– la complexité du scénario
– et le mélange de capacités réelles et virtuelles.

La grande difficulté d’un tel entraînement d’autant plus qu’il est une opération amphibie consiste à maîtriser de bonnes procédures de communication,  pour répondre au besoin de synchronisation parfaite des différentes étapes requises : toute défaillance doit être compensée par une prise de décision rapide et sa mise en œuvre immédiate sous peine de perdre le bénéfice de l’effet de surprise recherché dans ce type d’opération.  On le sait, une parfaite interopérabilité des matériels et des procédures – y compris au niveau communication – semble  toujours difficile à atteindre au sein d’une coalition multilatérale aux capacités et aux expériences de combat inégales.  Tous les participants de BA 12 soulignent ce fait et  reconnaissent qu’une telle opportunité – permettant de pouvoir comparer, découvrir  ainsi que de débattre des matériels utilisés par les uns et les autres et des façons de procéder  – s’avère déjà une réalisation majeure permettant de mieux préparer l’avenir [voir la vidéo ci-dessous]. Tirs d’artillerie, techniques d’infiltration, arts martiaux, etc, ont ainsi fait l’objet d’exercices communs menés à terre du 7 au 10 février, pendant que la bataille continuait de faire rage et d’occuper les Etats-majors embarqués, mais cette fois-ci de façon virtuelle.

Pour nombre de troupes en présence, le creuset commun a été l’Irak et l’Afghanistan et le scénario joué à terre le Jour-J évoquait plus le retour d’expérience de ces conflits qu’une injection de nouveautés, puisqu’il s’agissait côté américain de prendre à revers un camp d’entraînement de terroristes pour dégager des troupes amies mises à mal et sauver des civils. Ce qui diffère cependant est que les renforts venaient de la mer via un raid de nuit et que ces renforts devaient en un second temps être soutenus à partir de la mer, la manœuvre navale accompagnant au plus près la manœuvre terrestre.   Plus facile à dire qu’à faire…

Si les objectifs tactiques identifiés au départ pendant la phase de planification de l’exercice ont été réalisés, un énorme travail reste maintenant à faire au niveau des centres de doctrines de chacune des nations participantes afin de déterminer les points d’achoppement et les évolutions doctrinales requises pour que les forces amenées à conduire ce type d’opération soient davantage rôdées et préparées le mieux possible, ce qui n’était pas le cas jusqu’à aujourd’hui pour de nombreux Marines qui, bien que partie intégrante de l’US Navy, n’avaient jusqu’à ces jours derniers jamais mis le pied sur un navire de guerre…


 

Crédit vidéo: Navy Visual News Service, 25 janvier 2012