Par Romain Petit* – III. Une économie mondialisée
D’après l’Organisation mondiale de la santé, le trafic de stupéfiant est le troisième commerce en importance dans le monde derrière le pétrole et l’alimentation et juste avant celui des armes et des médicaments. En 30 ans la production mondiale de la drogue a littéralement explosé. L’ONUDC estime que durant les 10 dernières années, les saisies de drogue ont presque doublé ce qui signifie par extension que le narcotrafic ne cesse de se développer. Les estimations du chiffre d’affaires mondial de stupéfiants sont très variables, mais la moyenne de ces dernières se situait à 270 milliards d’euros par an en 2018. Les victimes d’overdose à l’échelle de la planète dépassent les 200 000 morts par an.

Les routes de la drogue sont de plus en plus nombreuses et se multiplie dans le contexte de la faillite d’Etats comme la Lybie et ceux de la bande sahélo-saharienne. Le Brésil s’impose également comme une nouvelle plaque tournante du trafic de cocaïne. Cette dernière serait actuellement consommée par plus de 250 millions de personnes dans le monde !

L’économie du narcotrafic prospère est une économie mondialisée qui a su s’adapter à toutes les évolutions de la mondialisation. Certaines organisation criminelles sont transnationales dans leur organisation depuis fort longtemps et prospèrent grâce au blanchiment d’argent et aux paradis fiscaux. Reste qu’il ne faut pas perdre de vue que les organisations criminelles mondiales demeurent avant tout des fabricants d’insécurité et ceux dans tous les sens du terme. Les mafias ne génèrent avant tout davantage de détresse sociale et n’enrichissent que leurs dirigeants. A titre d’illustration, l’observatoire géopolitique des drogues estime que la répartition des revenus des stupéfiants dans le monde est la suivante :

  • producteurs : 2 à 5 % ;
  • transformateurs et intermédiaires nationaux : 15 % ;
  • transporteurs et trafiquants internationaux : 26 % ;
  • distributeurs dans les pays consommateurs : 54 %.

Le narcotrafic détruit la vie démocratique et économique des pays en lesquels ils prospèrent. Il est générateur d’une violence polymorphe tant il est vrai que le narcotrafic accompagne et génère d’autres trafics (armes, prostitution, enlèvement, trafic d’organes, corruption, blanchiment d’argent….).

 

* Cet article, publié sur notre site en quatre parties, est issu de notre dernier numéro d’Opérationnels SLDS. Vous pouvez le télécharger dans son intégralité dans sa version magazine au travers du PDF suivant >>> ARTICLE ROMAIN PETIT HISTOIRE DES NARCOTRAFICS Operationnels SLDS # 50

Photo © UNODC Drug War Report, 2010, page 45 (lire en pdf : >>> UN World Drug Report 2010 ) >>> https://www.unodc.org/unodc/en/data-and-analysis/WDR-2010.html