Les déclinaisons possibles de la défense nationale française de demain : quelques propositions de présidentiables (1)

A moins de cinq mois du premier tour de l’élection présidentielle française, Opérationnels ne pouvait pas ne pas se pencher sur l’ambition affichée en termes de politique de défense nationale par les principaux candidats déclarés[1] à l’élection suprême.

Dans un contexte où la question du terrorisme obsède tous les esprits, les solutions proposées pour lutter efficacement contre ce dernier divergent fortement d’un candidat à l’autre, certains d’ailleurs y voyant plus une question de sécurité intérieure que de défense à proprement parler. L’autre élément majeur présent dans maints programmes de sensibilités différentes concerne le retour en grâce du service national et non plus uniquement d’un service civique. Question présente dans le débat politique français depuis l’avènement de la Ière République, le débat opposant les tenants d’une armée de métier et ceux d’une armée de conscription ne cesse de gagner en intensité depuis la suspension du service national (SN) décidée par le Président jacques Chirac en  1996.

Les évènements qui avaient enflammé les banlieues françaises en 2005 et surtout l’intensification du terrorisme islamiste et les craintes associées au renforcement du communautarisme en France redonne corps au ravivage de l’esprit de défens au sein des jeunes générations et à son pendant indissociable qu’est le devoir de défense[2]. Les politiques se sont donc naturellement emparés de ce sujet de société majeur et s’interrogent, pour la majorité d’entre eux, sur la pertinence du rétablissement du SN.

Au travers de la question de la place faite aux armées par les candidats à la présidence de la République française, c’est évidemment une ambition de souveraineté, d’influence et de liberté d’action dans un monde qui n’est pas dominé uniquement par des idéaux démocratiques et de paix qui s’affirme.

De facto, les questions de défense agissent aussi comme un révélateur diplomatique fort, car selon la place que leur donne chaque  candidat, c’est bien une conception du monde et des rapports de force internationaux qui apparaît en filigrane.

Selon nous, les points de vue exprimés par les candidats à l’élection présidentielle peuvent être majoritairement classés en deux grands ensembles :

  • les défenseurs d’un changement de paradigme prônant un nouveau modèle pour notre défense d’un côté, c’est-à-dire Jean-Luc Mélenchon (JLM), Arnaud Montebourg (AM) à gauche et Marine Le Pen (MLP) à droite de l’échiquier politique.
  • ceux envisagent une adaptation des forces armées de l’autre, c’est-à-dire Manuel Valls (MV) à gauche, François Fillon à droite.

Nous vous proposons de les découvrir un par un dans cette série de six articles.

Illustration © politicien0210.e-monsite.com


Notes

*** A mon père Jean-Marie pour m’avoir donné le goût du débat démocratique

[1] En plus du cas particulier de Jean-Luc Mélenchon, nous avons choisi de présenter les grandes lignes des deux candidats majeurs Manuel Valls et Arnaud Montebourg, Alain Macron n’ayant par ailleurs pour le moment pas développé cette thématique Défense.

[2] Sur cette question lire notre ouvrage : L’esprit de défense à l’épreuve de la professionnalisation des armées françaises, Le Fantascope éditions, 2009. On peut aussi retrouver nos dernières réflexions sur ce thème (qui fut l’objet de notre thèse de doctorat) sur le site Opérationnels, rubrique L’œil de Romain Petit.