4 juin 2012 – Focus du mois
L’Armée de terre française au XXIème siècle
Entretien avec le Général de corps d’armée Bertrand Ract Madoux, chef d’état-major de l’armée de terre
*** Extrait d’un article publié dans le dernier numéro de notre magazine associé « Soutien Logistique Défense » paru le 4 juin 2012.
Bilan et grandes orientations des réformes
SLD : Peu après avoir pris vos fonctions en septembre 2011, vous avez décrit votre début de mandat en tant que chef d’état-major de l’armée de Terre comme « la dernière étape de la transformation avec un effort en matière de réorganisation du soutien ».
– Quel bilan faites-vous des réformes en cours (PEGP ; BdD/GSBdD, …) et quelles sont vos priorités majeures pour les années à venir ?
Général Ract Madoux : Depuis 2008, l’armée de Terre, comme les autres armées est engagée dans une profonde transformation qui revêt deux aspects.
– Le premier, structurel, s’achève cette année. Il aura vu la dissolution de plus de vingt régiments et la suppression de près de vingt et un mille postes. Il a abouti à cette armée de Terre ramassée et rationalisée que nous connaissons aujourd’hui, à un outil de combat efficace et cohérent, conforme aux décisions du dernier Livre Blanc.
– Le second, fonctionnel a été initié l’an dernier. Il vise à réformer en interarmées l’administration générale et les soutiens communs. Il se traduit notamment par la mise en place des bases de défense, mais également par le transfert, à terme, de plus de vingt-cinq mille « terriens » dans les services et directions interarmées.
Cette réforme sans précédent a été un vrai bouleversement en termes de fonctionnement courant pour les régiments qui ont perdu nombre de leurs repères traditionnels. En conséquence, l’appropriation des nouveaux modes de fonctionnement par tous les acteurs de la réforme nécessitera certainement un peu de temps. Je pense aussi qu’il faudra également procéder à quelques ajustements pour en assurer l’optimisation.
Avec une armée de Terre pleinement recentrée sur la préparation et l’engagement opérationnel, c’est tout naturellement dans cette direction que s’inscrivent mes priorités.
– La première sera d’assurer, en interarmées, la cohérence d’une armée aux capacités multiples et en plein renouvellement de ses matériels majeurs. C’est un véritable enjeu. Disposant de l’ensemble du spectre des capacités terrestres conventionnelles, les forces terrestres sont un des outils dont dispose la France pour agir dans la durée, qui est doté d’une aptitude constante d’adaptation au milieu et à l’adversaire.
– La seconde priorité sera d’assurer aux unités les moyens de s’entraîner afin de pouvoir répondre aux sollicitations avec efficacité, le moment venu. Concernant la politique d’emploi et de gestion des parcs (PEGP), je rappellerai brièvement qu’il s’agit d’une décision prise par l’armée de Terre qui est antérieure aux réformes lancées depuis 2008 et qui visait à faire face à un déficit chronique des crédits d’entretien du matériel. Elle fait aujourd’hui l’objet d’une évaluation à l’aune du contexte budgétaire contraint que nous vivons, mais également de la très forte sollicitation à laquelle sont confrontés les parcs de véhicules majeurs comme ceux des VAB et des AMX10RC, notamment en opérations, qui accélère leur vieillissement. Il nous faut donc, dans l’attente de leur remplacement, trouver un nouvel équilibre qui permette aux unités et aux hommes qui les constituent de pouvoir s’entraîner correctement.