Par le lieutenant-Colonel (R) Pascal Podlaziewiez – extrait (1) – Créé en 1948, le camp militaire de Caylus est le lieu d’entraînement de la 11ème Brigade parachutiste (11e BP) – dont la vocation est la projection dans l’urgence – de par l’implantation de son Centre de formation initiale militaire, le CFIM, et en raison de sa zone de saut et posé d’assaut.
En 2017 il reçoit la garde du drapeau du 6ème Régiment parachutiste d’infanterie de marine (6e RPIMa) et en prend le nom en 2019. Situé à l’intersection de deux départements (Tarn et Garonne et le Lot) avec une emprise de cinq mille cinq cents hectares, dont mille cinq cents dans le Lot, sa garnison regroupe dix communes. Fidèle à ses traditions d’instruction, le camp s’apprête à accueillir les matériels nouvelle génération dont s’est dotée l’armée de Terre au cours de ces dernières années et à rénover en conséquence ses infrastructures et modes d’entraînement.
Avec l’évolution de l’armée de Terre, tant en termes d’équipements qu’en termes de besoins en entraînement, le camp doit s’adapter et innover : le commandement du 6 l’a bien compris et a déjà anticipé l’arrivée des nouveaux matériels dans les forces en lançant études, travaux et projet, mais en gardant à l’esprit l’absolue nécessité de préserver la formation initiale. Parmis ces projets, on citera :
- Une capacité d’accueil de l’A400M
Avec l’arrivée de l’A400M, la zone de posé d’assaut doit subir des modifications afin de permettre la mise au sol de l’aéronef. Il ne s’agit cependant pas seulement de revoir la piste sommaire, mais de valoriser la zone dans son intégrité, afin d’en faire une véritable zone d’entraînement au plus près de la réalité des opérations. Entre le déplacement de certains bâtiments (un moulin en l’occurrence), le nivelage de la zone actuelle, la création de raquettes de retournement indispensables pour des aéronefs de grande dimension comme l’A400M, la zone de stationnement et les pistes d’accès, il faut compter un budget d’un million d’euros. En complément il est primordial d’installer une tour de contrôle, l’idéal étant une tour de contrôle mobile sur nacelle élévatrice. A défaut le camp a déjà étudié la réalisation de cette tour à partir de container. - Un complexe ZURB en gestation
Proche de la zone de saut et de posé, le village de combat va également connaître une évolution dans sa structure actuelle. L’adjonction d’une zone commerciale, d’une zone de combat embarqué et d’une zone urbaine « détruite » voit progressivement le jour grâce au travail des pionniers du camp. A terme un véritable complexe ZURB – zone urbaine – permettra aux soldats d’interagir davantage en conformité avec les réalités des combats urbains actuels. - Le développement de nouvelles capacités de tir
Certains champs de tirs disposent de capacités jusqu’à présent non employées du fait des « régimes » non certifiés. Le camp dispose ainsi des capacités de tirs au mortier de 120mm et de tirs au canon de 20mm à partir d’hélicoptères de manœuvre. Seul « un feu vert » des autorités compétentes en permettrait l’utilisation. L’arrivée prochaine des premiers véhicules de type Griffon, et un peu plus tard des Jaguar et Serval, pourraient par ailleurs nécessiter le développement de nouveaux gabarits de tir, du fait en particulier de la hauteur de ces engins pour les tirs aux armes de bord. Là encore, il existe de nombreuses possibilités et capacités à exploiter dès que les réglementations seront établies. - L’accueil du Scorpion
Quand on fait référence au programme Scorpion, il ne s’agit pas seulement de la mise en œuvre de nouveaux véhicules, de moyens de transmissions et de garages. Accueillir les unités motorisées Scorpion implique en effet de pouvoir non seulement accueillir les véhicules qui arriveront sur des porte-engins, mais aussi d’être en mesure de les décharger, de les initialiser en vue des programmes d’entraînement, de les stocker, d’en assurer le soutien mécanique et en carburant, et enfin, de permettre leur remise en état avant leur départ ou leur retour du terrain. Un axe Scorpion doit également être créé : il s’agira de viabiliser le nouvel itinéraire – même s’il existe déjà en grande partie – des véhicules au sein du camp, ainsi que ses accès. Une entrée sécurisée va devoir ainsi être mise en place parallèlement à l’entrée actuelle avec une sécurisation de la traversée de la départementale et une accessibilité des porte-engins. Une zone de déchargement va également voir le jour sur l’un des parkings stabilisés existants. Sur cette même zone sera installé le centre d’initialisation des véhicules. Toujours aux abords de cet axe « scorpion », on trouvera une zone de stockage à base de tentes de type Bachmann, ainsi que les ateliers NT1 déjà en place, mais qui doivent subir une mise aux normes, une zone de ravitaillement carburant qui doit être entièrement rénovée en lieu et place de l’actuelle, et donc une zone de nettoyage des véhicules, sans oublier un sas de sortie au niveau du dépôt de munitions actuel.
1 Cet extrait est issu d’un article publié dans notre dernier numéro auquel vous pouvez accéder via notre boutique en ligne (96 pages – 28 euros en version numérique)>>>https://operationnels.com/produit/operationnels-slds-48-49-printemps-ete-2020/
Photo © La 11e BP s’entraînant sur FAMAS, Pascal Podlaziewiez, janvier 2020