Impact des révolutions arabes sur le Sahel
Par le Général de division Alain Faupin (2S), consultant international
*** Cet article est à paraître dans le prochain numéro de la revue Préventique sécurité (publication en janvier 2012).
3 janvier 2012 – Deux essais de prospective sur le terrorisme au Sahel et sur les évolutions du Maghreb et du Machrek, ont jeté les bases d’une réflexion sur l’avenir de ces régions, mais n’avaient pas clairement établi de liens entre l’une et l’autre. Il serait honnête de confronter ces projections à la réalité d’aujourd’hui afin de juger de leur pertinence et, le cas échéant, de les reformuler. En termes de prospective, une période de six mois ou d’un an est d’une grande brièveté, mais, au regard de la vie politique, économique et sociale, cela peut paraître très long, surtout quand surviennent des évènements majeurs et dramatiques, ce qui est bien le cas dans cette région élargie. Nous commencerons donc par un rappel très succinct de la situation aujourd’hui au Sud de la Méditerranée, région que nous avions laissée, après la révolution tunisienne, et avant l’affaire libyenne, en grande effervescence. Nous vérifierons, à cette occasion, si les facteurs d’évolution se sont confirmés ou modifiés. Nous consacrerons ensuite un paragraphe aux conséquences fâcheuses de cette évolution pour le Sahel, que nous avions déjà mises en exergue dans la livraison de 2010 et que d’autres (en particulier Jean Christophe Rufin dans son roman « Katiba», et Jean Guisnel, du Point) avaient eux aussi évoquées sinon prévues. Il est important de relire les données de cette question telles qu’elles ont été exposées, en leur temps et du point de vue sahélien, par le ministre de l’intérieur du Niger de l’époque, Abouba Albadé. Récemment interrogé sur le sujet, son appréciation de la situation s’est affinée mais n’a pas foncièrement changé sinon en gravité, en ampleur et en urgence.
Les évolutions depuis 2010
Les « révolutions arabes » sont toujours en cours; aucune n’a encore atteint son point d’équilibre. Si certaines élections ont eu lieu, en Tunisie, au Maroc et en Egypte notamment avec la percée de partis islamistes, les fondations de ces nouvelles démocraties restent encore à être bâties, si, pour autant, la charia revendiquée par beaucoup comme fondement des constitutions nationales est compatible avec le concept de démocratie d’inspiration occidentale. Et ce n’est là qu’un des aspects des innombrables problèmes qui se posent à ces pays dont certains ont été totalement déstructurés par le grand chambardement qu’ont été ces révoltes populaires.