Les défis (suite et fin)

En parallèle du défi logistique évoqué précédemment, la force Barkhane doit relever de nombreux autres défis de différentes natures :

Faire face à un ennemi mouvant

Les groupes armés terroristes (GAT) refusent la confrontation avec les membres de la force Barkhane. Leurs modes d’action reposent prioritairement sur le recours aux engins explosifs improvisés, le massacre de populations civiles ou d’autorités civiles, des attaques ciblées des forces du G5 Sahel.

Composer avec la « faiblesse » de certains Etats membres du G5 

Le Mali n’est pas le seul Etat du G5 à connaître de grandes difficultés en termes de sécurité intérieure. Ainsi, le Burkina Faso (BF) apparaît aujourd’hui comme un véritable maillon faible au sein de la coalition. Classé 183e sur 187 pays référencés en termes d’indice de développement humain (IDH), le BF connaît un taux de croissance de 5.9% et un taux de chômage de 6.2%. Miné par une grogne sociale persistante, le BF subit la multiplication des attaques des GAT depuis janvier 2018 (plus de 300 morts), la capitale, Ouagadougou ayant été frappée à 3 reprises en moins de 2 ans (pour rappel, le 2 mars 2018 attaques simultanées de l’ambassade de France et de l’état-major des armées burkinabais). Aujourd’hui, les assauts répétés des GAT dans le nord et le sud du pays en font un pays particulièrement exposé.

Renforcer le travail en coalition

Le travail en coalition est l’un des modus operandi prôné par la doctrine d’emploi de la force Barkhane et du G5 sahel. En effet, les soldats français de la force Barkhane travaillent dans le cadre de missions binationales ou tri-nationales avec les pays du G5 Sahel dans le cadre de ce que l’on nomme les opérations militaires de coopération transfrontalière (OMCT). Dans le cadre de ces missions de coalition l’emploi des groupements commandos parachutistes (GCP) ainsi que le recours aux unités des forces spéciales du commandement des opérations spéciales (COS) apportent une plus-value d’importance notamment dans les combats menés dans la région du Liptako-Gourma. En plus des OMCT,  le travail en coalition passe aussi par un soutien à la formation des unités du G5 en termes d’instruction opérationnelle via notamment nos forces de présence déployées au Gabon, au Sénégal et au Tchad. L’une des limites de ce travail en coalition réside dans les divergences traditionnelles existant entre Bambaras, Peuls et Arabes et le fait que des querelles interethniques persistent dans la bande sahélo-saharienne (BSS).

A côté de ces trois enjeux structurants, d’autres défis majeurs et interconnectés demeurent, parmi lesquels on citera :

  • l’acceptation de la force Barkhane par les populations locales (d’où l’importance des actions d’influence ainsi que des actions civilo-militaires menées au sein des pays du G5) ;
  • la gestion du commandement sur un théâtre étendu sur 5 pays ;
  • la collecte, l’analyse et l’exploitation du renseignement ;
  • l’explosion de la Lybie ;
  • la lutte contre le narcotrafic ;
  • l’organisation et la coordination des actions diplomatiques et militaires menées au sein de la BSS ;
  • les limites du financement et le coût de l’opération (voir le non-financement de Barkhane par l’ONU) ;
  • et donc par extension, le défi capacitaire et infrastructurel (malgré nombre d’initiatives récentes existantes, telles la construction du fort de Gossi dans le Gourma, la dotation du CARAPACE pour les unités du service des essences des armées, ou encore la livraison d’un nouveau missile moyenne portée (MMP)).

 

Photo © premier déploiement opérationnel du VHM, véhicule haute mobilité, dans le Gourma dans le cadre de Barkhane, ECPAD, EMA, ministère des Armées (En savoir plus sur le VHM>>>  www.defense.gouv.fr)